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FACUNDUS — FAGNAN


divergences dans la foi ni divergences dans la liturgie. Facundus mournt dans le schisme, peu après 571.

Éditions des trois ouvTages susmentionnés par Galland, Bibliotheca Patrum, t. xi, p. 665 sq, ; et dans P. L., t. lxvii, col. 527-898.

Dom Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, t. XVI, c. xxv.p. 511-537 ; A. Dobroklonskij, L'écrit (le Facundus, évêque d’Hermiane, Pro defensione trium capilulorum, Moscou, 1880 (en russe) ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1909, t. iii, p. 1-145 ; L. Ducliesnc, ^'igile et Pelage, dans la Revue des questions historiques, 1884, t. xxxvi, p. 404 sq. ; Fessler-Jungmann, Instiluliones jHitrologiæ, t. Ii b, p. 543 ; Bardenhewer, Les P<*res de l'Église, nouv. édit. franc., Paris, 1905, t. iii, p. 188-189.

P. Godet.

    1. FAGNAN Prosper##


FAGNAN Prosper, né en 1588, d’une antique famille, connue par le haut rang quelle occupait dans la société et par le mérite d’un grand nombre de ses membres, fut, par l'étendue de ses connaissances et la précocité de son génie, l’un des plus remarcjuables professeurs que la célèbre université romaine de la Sapience ait jamais possédés. Il n’avait pas vingt ans encore, quand il conquit très brillamment le bonnet de docteur en droit, et fut, aussitôt après, pourvu de cette chaire de professeur qu’il devait tant illustrer. L'éclat de son enseignement attira de bonne heure sur lui les regards bienveillants du souverain pontife. Agé de vingt-deux ans à peine, il fut, en effet, appelé par Paul V au poste si apprécié de secrétaire de la S. C. du Concile. Il y succédait à son oncle paternel .Jean-François Fagnan.Dix ans plus tard, Grégoire XV, dès le début de son pontificat, le chargeait de rédiger l’importante bulle JElerni Palris, publiée le 15 novembre 1621, dans le but de réduire à néant les opinions erronées de beaucoup de cardinaux du commencement du xviie siècle, prétendant que les anciennes lois conclavaires n'étaient plus, à leur époque, aussi obligatoires que par le passé. La bulle .Elerni Palris, œuvre de Fagnan presque en totalité, non seulement confirma les précédentes constitutions apostoliques à ce sujet, mais y ajouta une réglementation nouvelle, entrant dans les moindres détails et déterminant, avec la plus minutieuse précision, tout ce qui a rapport au mode de scrutin pour l'élection papale. Les expressions en sont si claires, et les prescriptions pratiques si nombreuses, qu’il devenait presque matériellement impossible de les transgresser. Ce code électoral a régi tous les conclaves qui se sont tenus depuis la mort de Grégoire XV (1623), et il est encore en vigueur. L’honneur de cette si sage législation conclavairc, qui a réprimé les abus aux conséquences si funestes, a assuré pendant plusieurs siècles la prompte élection des papes et préservé ainsi l'Église des plus redoutables dangers, revient donc, en grande partie, à Fagnan. Cf. Bidlarium magnum, t. iii, p. 444 sq., 454-465 ; Cœremoniale continens ritus cleclioiiis romani ponlificis, Gregovii papx XV jiissu editum, ubi præficiuntur constitutiones poniificiee et concilivnim decrela ad cam rem pertinentia, 2 in-4, Rome, 1622 ; Camarda, ConstiInlionum aposlolicaram de pcrtincntibus ad clcctioncm pupee synopsis accurala, in-fol., Rieti, 1737, p. 22 sq. ; Philipps, Kirchenrechl, 7 in-S » , Ratisbonne, 18451872, t. IV, p. 850. Voir Conclave, t. iii, col. 713 sq.

Pendant plus de cinquante ans, les successeurs de Grégoire XV, Urbain VIII, Innocent X, Alexandre VII, Clément IX, Clément X et le vénérable Innocent XI, ne cessèrent de combler d’honneurs ce'.ui qui, à l'âge où la plupart ne sont encore que simples étudiants, avait professé avec tant de gloire et déjà si bien mérité de l'Église. Par leur volonté expresse, il appartint simultanément jusqu'à onze Congrégations romaines, et, le plus souvent aussi, comme secrétaire, tant sa puissance de travail était

considérable. Il garda ces fonctions absorbantes, et les remplit constamment à la satisfaction de tous, même après avoir été atteint de cécité, malheur qui lui arriva tandis qu’il n’avait encore que quarantequatre ans. La perspicacité de son esprit et l'étendue de son érudition suppléèrent tellement chez lui à la perte si regrettable de la vue, cjue ses contemporains l’appelèrent « l’aveugle aux yeux perçants » , cseciim ocnlutissimnm.

C’est sur l’ordre d’Alexandre VII que, malgré sa cécité, il entreprit l'œuvre si importante de ses Commentaria absolutissima in qiiinquc Dccretaliiim libres. On se demande avec stupeur comment, malgré une telle infirmité, il a pu mener à bonne fin ce volumineux ouvrage. Ces commentaires supposent, en effet, de la part de leur auteur des recherches immenses, et, chez un aveugle, une mémoire prodigieuse. Ils furent écrits sous sa dictée. On les lui relisait ensuite, et il y apportait les corrections et modifications qui lui paraissaient nécessaires ou utiles. L'œuvre est remarquable de tous points. L’auteur ne s’est pas fait une loi inflexible cependant de suivre pas à pas le texte des Décrétales. De chaque titre des cinq livres, il n’explic|ue, le plus souvent, que quelques chapitres : ceux qui lui semblent le plus essentiels. Mais les commentaires qu’il en donne sont si lumineux qu’ils projettent une vive clarté sur tout le reste, et sont plus que suffisants, pour une entente parfaite de tout le droit ecclésiastique. L’ne foule d’exemples, tirés de la pratique journalière des Congrégations romaines, ajoutent encore à la lucidité de l’exposition et en augmentent la force. L'érudition en est merveilleuse, et les citations des textes de droit, ou des décisions des Congrégations romaines, très abondantes. On les voudrait cependant quelquefois un peu plus ad rem. Ce défaut n’empêche pas que l’ouvrage, par la richesse de ses informations, ne soit encore très utile à notre époque. La première édition parut à Rome, en 1661, et comprend 5 in-fol. C’est assurément la meilleure. La table générale fut regardée comme un chef-d'œuvre et est restée comme un modèle du genre. On a été jusqu'à dire, avec quelque exagération, ce semble, qu’elle valait, à elle seule, autant que l’ouvrage entier ; mais il est vraiment extraordinaire qu’un homme aveugle ait pu la dresser, surtout avec tant d’exactitude. Cette édition fut suivie de beaucoup d’autres. Dans celle de Venise, 5 in-fol., en trois volumes, de 1697, l'éditeur a eu la louable pensée de faire précéder du texte des Décrétales les commentaires de chaque titre. Citons aussi les éditions de Cologne, 1681, 1704 ; celle de Besançon, 1740, etc. Malgré des travaux aussi assidus et aussi fatigants, Fagnan parvint à la plus extrême vieillesse, et mourut dans sa quatre-vingt-onzième année, en 1678. Dans ses commentaires, il avait inséré un opuscule De opinione probabili. Il s’y efforçait, par tant de raisons, de restreindre l’usage de l’opinion probable, qu’il mérita d'être appelé par saint Alphonse, Theologia moralis, 1. IV, n. 669 ; Homo apostoliciis, t. i, . n. 63, le plus grand des rigoristes, magnas rigorislarum… auclovum rigidiorum facile princeps. Un jugement analogue est porté sur lui par la plupart des moralistes récents, comme, par e.xemple, Ballerini.. Compendium theologiæ moralis, 2 in-8, Rome, 18801882, t. I, p. XVII ; Palmieri, Opiis Iheologicum morale, 7 111-8 » , Prato, 1890-1893, t. vii, p. 428 ; Lehmkhul, Theologia moralis, 2 in-S", Fribourg-enBrisgau, 1902, t. ii, p. 831, etc.

Tiraboschi, Storia délia letteratura ilaliana, 10 in-4', Modène, 1787-1793, t. viii, p. 281 sq. ; Feller, Dictionnaire liislorique, t. iii, p. 14 ; Ha-fer, Nouvelle biographie générale, t. xvii, p. 11 ; Michaud, Biographie imiverselle, t. xiir, p. 328 sq. ; I lurter, Nomencfa/or, t. ii, col. 243 sq. ; Wernz, .