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ESPRIT-SAINT


soi-même et avec soi-même l’Esprit procédant du Père, seul il rayonne de la lumière innascible comme Fils unique : c’est là sa notion propre qui le distingue du Père et du Saint-Esprit et qui le signifie personnellement. Quant au Dieu suprême, la notion cminente de son hypostuse est que seul il est Père et qu’il ne procède d’aucun principe. » Epist., xxxviii, 4, P. G., t. XXXII, col. 320, 332. Saint Basile cherche, dans ce texte, la raison de la subsistance divine du Saint-Esprit et il la découvre en ce qu’il procède du Père et en ce que le Fils manifeste le Saint-Esprit avec soi et après soi : S’.' ïx-j-rit /.%’: (J.EÛ’iavTo-j -/wpi :  ; (, ùv. Le Saint-Esprit se manifeste donc par le Fils. Quel est le caractère de cette manifestation ? Si cette manifestation distingue réellement le Saint-Esprit du Fils, elle est une propriété personnelle, yvaipia-Tf/ôv Gr^]j.i’.a-i, qui distingue le Fils du Saint-Esprit, une manifestation qui a lieu dans le sein même de la divinité. Si c’était une manifestation extérieure du Saint-Esprit par le Fils, elle ne serait plus une marque personnelle qui distingue le Fils du Saint-Esprit. D’ailleurs, le verbe yvtopiîerv, chez les Pères, indique une manifestation ou procession éternelle. Franzelin, Examen Macarii, p. 141-142. Mais, en supposant même qu’il ne désigne ici qu’une manifestation extérieure et temporelle, celle-ci ne pourrait pas être un principe de distinction entre le Fils et le Saint-Esprit, si elle n’était pas la conséquence d’une manifestation ou procession ad intra. Kranich, p. 50. L’expression psO’éa-j-ToC est aussi très exacte au point de vue théologique. Le Saint-Esprit se manifeste après le Fils. Bien des fois, saint Basile fait allusion à un ordre de rang dans les personnes divines : àv.’ù.’jViiy. y.a-à TaJiv. Cet ordre nous a été révélé dans la formule du baptême. Liber de Spirilii Sancio, xviii, 47, P. G., t. xxxii, col. 1.53. Le Saint-Esprit est troisième dans cet ordre d’origine, et c’est pour cela que saint Basile déclare qu’il se manifeste après le P’ils. La mention de l’ordre éternel d’origine du Saint-Esprit, après la formule ry.’éa-jrciO, laisse bien voir que celle formule se rapporte à la procession éternelle du Saint-Esprit du Fils et non pas à une mission temporelle.

Ces explications données, on ne saurait que s’étonner de voir ce texte rangé par Zoernikav, op. cit., t. i, p. 27-28 ; Macaire, op. cit., t. i, p. 314 ; Sylvestre, op. cit., t. II, p. 447, 448, au nombre des passages qui contiennent la négation implicite du Eilioqnc. Ces théologiens déclarent que saint Basile y présente le Père comme la source, la cause du Saint-Esprit, ce que personne ne conteste. Mais ils ne tiennent pas compte de ce que saint Basile aflinne que le Fils manifeste l’Esprit, et puisqu’il parle uniquement des processions tlivincs, cette manifestation du Saint-Espril par le I-ils est aussi une manifestation ml intra. une opération immanente et éternelle.

d) Le II< livre contre Eunomius offre, sur le sujet qui nous occupe, un texte frappant : A qui n’apparaîl-il pas évident ((u’aucune opération du I-’ils ne doit être séparèe du Père et qu’il ny a rien absolument qui soit au Fils et demeure étranger au Père ? Car il est écrit : Omiiid mea tua suni, et tua mca. (^oinnu-nt donc Eunomius rapportc-t-il au I-’ils seul la cause de l’Esprit et, pour calomnier la nature de celui-ci, fail-il appel à la puissance créatrice de celui-là ? Si donc Eunomius, pour soutenir son système, supprime deux principes contraires l’un à l’autre, qu’il soit analhème avec Manès et Marcion. S’il reconnaît qu’il n’y a qu’une seule source des êtres, qu’il confesse que provenir du Fils importe une relation à la cause première. C’est ainsi que nous qui croyons que toutes choses ont été amenées à l’existence par le N’erbe de Dieu, nous ne nions pas pour cela t|ue la cause de toutes choses ne soit le Dieu suprême. Comment « loue n’est-il pas évi dent qu’il y a danger à séparer de Dieu l’Esprit ? L’apôtre les unit toujours, disant tantôt l’Esprit du Christ, tantôt l’Esprit de Dieu… De même, le Seigneur l’appelle l’Esprit de vérité et il enseigne qu’il procède du Père. Mais cet homme, pour avilir la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, sépare du Père l’Esprit et l’attribue au Fils d’une manière différente pour rabaisser sa gloire. Sans doute par dérision. » Advcrsus Eunomiuni, 1. IL 34, P. G., t. xxix, col. C52. La doctrine catholique du Filioquc ressort clairement de ce texte. Il est évident tout d’abord que, dans ce passage, saint Basile a en vue la procession éternelle du Saint-Esprit, parce que son argumentation vise à en défendre, contre Eunomius, la divinité. Cet hérétique séparait le Saint-Esprit du Père et lui donnait pour unique cause le Fils. Il en faisait aussi une créature et il aboutissait à la négation de la divinité du Fils. Pour Eunomius, le Père est le principe de tous les êtres, excepté le Saint-Esprit ; le Fils est le principe de celui-ci. Ce n’est pas à tort donc que saint Basile lui reproche le dualisme de Manès et de Marcion. Pour le réfuter, le saint docteur commence par rétablir l’unité et l’identité des opérations divines ad e.vtra du Père et du Fils. Si le Père crée, le Fils ne demeure pas étranger à cette création, jiarce que tout ce que le Père possède, il le communique au l-"ils. Le Père et le Fils participent donc à la même essence et opération divine. A l’égard du Saint-Esprit, saint Basile applique le même raisonnement. De même que le Père seul n’est pas le principe de l’acte de la création, parce que le Fils participe à son être et, par conséquent, à son opération ad extra, ainsi le Fils n’est pas le seul et unique principe du Saint-Esprit, parce qu’il possède tout ce qui est au Père, excepté la paternité, le Père possède aussi tout ce qui est au Fils, excepté la fdiulion. Saint Basile renverse donc la formule latine a Putre Filioque, observe le P. de Régnon, pour lui substituer, quant au sens, la formule a Filio Palreque. L’Esiu’it appartient au Père et au Fils, et le saint docteur met bien en relief qu’il n’appartient pas au Fils d’une manière différente de celle dont il appartient au Père. C’est-à-dire, s’il iirocède du Père parce que le Père lui conununique l’être divin, il procède du Fils par la même raison. Cette identité de procession est prouvée par l’équivalence des dénominations scripturaires d’Esprit du Christ et d’I-.sprit de Dieu.

Mais saint Basile ne se borne pas à attester l’origine divine du Saint-Esprit du Père et du Fils. Il lient aussi à déclarer que cette spiration n’est jias double. Ce qui provient du Fils implique une relation à la cause première. Le Fils n’est pas de lui-même la source du Saint-lpsprit. Il y a le Dieu de toutes clwses, le Père, qui est la source, Tz-r^yr^, la racine, pi : ^a, de la divinité. Ilomil. contra sabeltianos, 7, P. G., t. xxxi, col. 616. C’est de celle source primordiale, de cette cause I)remièrc et principielle, -pw-r, alria, Trpoixatapy.Tixr, atrca. De Spiritu Sancio, xvi, 38, P. G., t. xxxii, col. 136, que le l’ils reçoit l’êlre divin et qu’il le conimutii que au Saint-F.sprit. Toutes les fois <lonc que saint Basile allirme cpie le Saint-t-]sprit est la source et la racine du Père et du I-’ils, il ne s’ensuit jias, connue le prèlen(l Mgr Sylvestre, qu’il nie la procession du Saint-Ii ; s]irit du Fils, op. cit.. l. ii. p. 438, car le Père est d’une manière distincte la source du l-’ils et du Saint-Esprit. Il est la source du l-’ils innnèdialement, f>.’âxjToO ; il est la.source du Saint-i-^sprit par le Verbe, ôià toj Ao^oj. La théorie de saint Basile, que le Père est la cause suprême du Saint-I-^sprit 51à toO .-yju, exprime clairement que le Père et le Fils sont un seul et même principe de la spiration du Saint-Esprit.

c) Enlre le Père et le Fils d’une part, le Fils et le Saint-Espril de l’autre, saint Basile établit le parallélisme qui revient si fréquemment dans les écrits de