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cardinal Billot : « De même que la grâce habituelle appelle tous les secours qui sont nécessaires au juste pour persévérer (dans la justice), de même Vhabilus fidei exige ce qui est requis du côté de la grâce (actu-elle ) ou de la providence divine, pour que l’homme ne soit jamais mis dans une situation où, malgré sa volonté, il lui serait impossible de garder raisonnablement la foi ; ce qui lui arriverait, s’il était amené invinciblement à un état où lui manquerait la crédibilité suffisante. » De virtutibus infusis, 2e édit., Rome, 1905, thés, xvii, coroll., p. 315.

b) Seconde partie : les hétérodoxes : ils ont commencé, eux aussi, par croire fermement des leur enfance avec une crédibilité purement relative ce qu’on leur a enseigné. — a. Dans cet ensemble religieux qu’on leur a enseigné, établissons d’abord une grande différence entre les vérités révélées, les vrais articles de foi qu’a gardés leur secte, et les erreurs qu’elle y a ajoutées.

Articles vrais. — Nous devons admettre une certaine possibilité de les perdre, même pour des hétérodoxes pieux et faisant ce qu’ils peuvent pour les conserver ; parce que cette promesse de Dieu dont nous avons parlé, de fournir aux fidèles de bonne volonté, à tout moment de leur vie même le plus critique, la crédibilité suffisante pour qu’ils n’abandonnent jamais la foi, cette promesse, r.is-je, est faite à la seule véritable Église, qui est l’Église des promesses ; les preuves que nous avons apportées de cette providence spéciale se rapportent à la seule Église catholique, et rien ne garantit qu’elles s’étendent plus loin. Ajoutons les dangers bien plus grands que court la fei dans des milieux qui n’ont pas d’Église infaillible pour retenir dans la vérité, dans des milieux où circulent librement sur la nature de la révélation ou de la foi, sur la nature de l’inspiration des Écritures, etc., des erreurs capables de couper par la racine toute foi à des dogmes quelconques. Cependant il faut appliquer ici la distinction que nous avons faite tout à l’heure entre la perte des vérités révélées qui serait seulement temporaire, et celle qui durerait jusqu’à la mort. S’il s’agit île la seconde, la volonté qu’a Dieu du salut de tous les hommes ne peut permettre qu’une âme de bonne volonté, qui prie et fait ce qu’elle peut suivant les lumières qu’elle a, arrive au moment qui décide de l’éternité, avec une erreur invincible qui la priverait de la foi nécessaire à la rémission de ses péchés. Une providence spéciale de Dieu lui procurera donc avant la mort, non pas nécessairement et toujours la possibilité d’entrer dans l’Église, de faire partie de son corps » , mais le moyen de retrouver la crédibilité des dogmes, au moins de ceux qui sont de nécessité de moyen pour la justification et le salut. Voir SALUT.

erreurs des sectes. — Ici surtout apparaît la diffé entre catholiques et hétérodoxes. Ces erreurs, qui renferment en premier lieu l’identification de leur avec la véritable Église instituée par Jésus(.luist (ou bien, s’il s’agit du paganisme, la vérité des faux dieux), n’ont pas objectivement de preuves solides, et prêtent le flanc à de terribles difficultés ; Dieu, qui a pu parfois tolérer quelques apparences eu leur faveur, n’a pu leur donner des notes convaincantes comme à la véritable religion, ce qui serait positive ment induire en erreur le genre humain. Le développement naturel de l’esprit et l’étude de la religion amèneront donc un certain nombre d’hétérodoxes sinei intelligents à douter sérieusement et prudemment de l’ut ecte, et à pouvoir la quitter. Mais surtout le travail surnaturel de la grâce doit par moments

les | <iit ii de « es erreurs. Cm la grâce n’est

pas un principe indifférent au bien ou au mal, au vrai nu au faux, a la façon du concours général que Dieu

donne a Imites nos actions bonnes ou mauvaises. Voir

divin, t. iii, col. ".si si(. La grâce est i

tiellement un principe d’action plus limité et plus spécial, déterminé par lui-même au vrai, au bien, n’aidant que dans la direction du salut, ne donnant que la lumière du vrai dans l’intelligence ou l’amour du bien dans la volonté. Voir Grâce. Un semblable principe ne peut se comporter de la même manière en face de la vérité salutaire ou de l’erreur dangereuse, en face de la véritable Église, ou d’une secte qui lui fait la guerre. Et comme la grâce traite d’une manière opposée l’âme endormie dans le péché mortel et l’âme pieuse et toute à Dieu, comme elle trouble la première dans sa fausse quiétude, l’agite, l’attriste par le remords de la conscience, et au contraire tranquillise la seconde dans ses troubles, lui donne la consolation et la joie (S. Ignace de Loyola, Exercices spirituels, Régies du discernement des esprits pour la première semaine, règle 1 et 2) : ainsi la grâce traitera d’une manière opposée l’âme attachée par une erreur même inconsciente à une fausse religion, et l’âme qui se trouve dans la véritable Église, dans la voie du salut ; elle inquiétera ordinairement la première dans un repos qui malgré sa bonne foi lui est plus ou moins funeste, et au contraire tranquillisera la seconde et la fixera où elle est. On voit ici la raison profonde, et fondée sur la nature même de la grâce, de cette différence que le concile du Vatican affirme entre catholiques et non catholiques, du côté de la grâce de Dieu. On peut même en faire une sorte de contre-épreuve par un certain emploi de l’expérience, autant qu’on peut du dehors appliquer l’observation à ce qui s’est passé dans les âmes, à l’aide des autobiographies, des signes et des faits extérieurs qui encadrent un changement de religion. Muni d’un bon nombre de cas, si l’on compare, par exemple, les passages bien connus du catholicisme au protestantisme et les convergions célèbres du protestantisme au catholicisme, on verra que les catholiques devenus protestants paraissent avoir cédé d’une manière générale à des motifs humains, à la légèreté ou à l’orgueil froissé, au désir de secouer un joug pénible aux sens, à des passions où la grâce n’a point de part, et qu’ils étaient peu coutumiers de la prière, qui obtient la grâce : tandis que les protestants convertis étaient des âmes sérieuses, élevées, soucieuses de la question religieuse et de l’union avec Dieu, cherchant la vérité, priant, et se mettant ainsi sous l’influence de la grâce. On peut donc conclure que la grâce les a poussés dans la direction où ils ont abouti, tandis qu’elle n’a pas aidé au changement des autres, et le combattait plutôt ; ce qui peut, par ailleurs, fournir un indice nouveau pour le discernement de la véritable Église. Voir Kleutgen, loc. cit., p. 465.

b. Conséquence. — Au sujet des hétérodoxes, nous devons tenir un juste milieu, et éviter deux excès opposés. — Le premier <

cs est de supposer gratuite ment, et même contre d’excellents témoignages, qu’il y en a très peu qui soient de bonne foi, et d’ajouter que ceux mêmes qui le son ! ne peuvent jamais faire un véritable acte de foi divine et salutaire sur les articles de la révélation chrétienne que leur secte a conservés : ce que nous avons réfuté à propos des

limites du rôle de l’Église dans la foi, col. 165. Ailleurs

nous avons montré qu’en fait « le certitude rationnelle exigée comme condition préalable de l’acte de foi. une certitude purement relative peut suffire, et qu’une

telle certitude se trouve couramment dans les fausses religions elles-mêmes ches les enfants et les simples, qui tiennent avec fermeté et prudence, par exemple, les

préambules de la fol chrétienne sur la parole de ceux qui les instruisent. Voir col. 231, 232. Ce genre de certitude tombe d’ailleurs aussi bien sur les erreurs de la secte et les ailieles faux qu’on lem enseigne que sur

rticles vrais et les véritables préambules de la fol