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de notre foi fût raisonnable, rationi consentaneum, Dieu a voulu… des arguments extérieurs de la révélation, c’est-à-dire des faits divins, et surtout les miracles et les prophéties… signes très certains de la révélation divine. » Sess. iii, c. ni, Denzinger. n. 1790. D’autre part, en dehors des motifs de crédibilité, on ne voit pas ce qui pourrait donner à l’assentiment de foi d’être raisonnable. Ce n’est pas l’objet matériel, puisque le mystère que l’on croit dépasse la raison. Ce n’est pas l’objet formel, l’aucloritas Dei revelanlis, de quelque façon qu’on la prenne. Car si on la prend en elle-même comme nous l’avons fait, elle peut Lien être la première mesure et la cause exemplaire de l’acte de foi et, à ce titre, son objet formel : mais tant qu’elle n’est pas appliquée par une connaissance raisonnée à l’objet matériel, l’assentiment que l’on donnerait à celui-ci ne serait pas raisonnable ; de même que le plan dressé par l’architecte est bien en lui-même la cause exemplaire et la première mesure du futur édifice, mais les entrepreneurs ou les maçons ne construiraient pas raisonnablement, s’ils se mettaient à bâtir sans avoir connaissance du plan, ou sans se rendre compte au moins sommairement que ce qu’on leur présente là est bien le plan de l’architecte. Que si l’on prend la divine autorité et la divine révélation dans les énoncés qui les affirment, ces énoncés, n’étant pas de leur nature immédiatement évidents, ne peuvent être raisonnablement acceptés par l’intelligence qu’à cause de leurs preuves, qui sont les motifs de crédibilité. Pour rendre l’assentiment de foi raisonnable ou le justifier apologétiquement, encore moins pourrait-on recourir à la volonté, principe aveugle, ou à la grâce, qui agit d’une manière trop cachée pour qu’on puisse baser là-dessus une justification de l’assentiment auquel elle coopère en secret ; si dans un cas plus rare elle fait reconnaître son action, alors elle se transforme elle-même en nouveau motif de crédibilité. C’est donc toujours aux motifs de crédibilité qu’il faut en revenir, pour s’expliquer à soi-même ou expliquer aux autres que tel assentiment, fondé sur Vauctoritas Dei revelanlis, y est raisonnablement fondé. Et voilà qui confirme ce que nous avons dit plus liant contre ceux des pr< lestants qui négligent de parti pris les preuves et motifs de crédibilité, et contre les lidéisles. Voir col. 1 17, 170, 179.

Mais, dira-t-on peut-être, n’y a-t-il pas contradiction dans tout ceci’. 1 D’après vous, les motifs de crédibilité (comme le disent généralement les théologiens) sont une simple condition, et en même temps ils sont une cause I La réponse nous est fournie par Esparza : île i. dit-il (un acte, par exemple), peut avoir en lui plusieurs propriétés, formalilales, qui soient séparables de leur nature, el qui puissent ailleurs exister séparément. » Ainsi l’assentiment de fi est raisonnable, et surnaturel ; et ces propriétés sont séparées ailleurs, puisqu’il y a des ai tes raisonnables qui ne tonl pas surnaturels. Alors, dit-il, il peut se faire que ce diverses propriétés dérivent de diverses causes, et « pie la caUSl de l’une ne soit, pas cause de l’autre. » Ainsi les motifs de crédibilité sont cause de l’acte de foi en tant que raisonnable, mais ils ne sent pas cause du même acte en tant que surnaturel, ni en tanl que souverainement ferme : l’objet formel est cause de propriétés, Mais, continue l’.spary.a. ce qui attse par rapport a une propriété peut en même temps i ii’condition pai rapport a uni autre. » Ainsi les motifs île crédibilité, tout, en étant cause de l’acte de foi en tant que raisonnable, sont une conoitioii pour rpie l’objet formel, par l’intermédiaire’le la volonti I de la vert u infuse ou de la grâce, ai i ive à réaliser dans ntiment Mi f « i i.i ouverainc fermeté el l’infaillibilité surnaturelle dont il est. la mesure et la r< Cai i’imi ements de crédibilité (Us tirent leur nom de là) sont une condition nécessaire à la volonté pour intervenir prudemment, et à la vertu infuse de foi pour entrer en exercice. Esparza a donc le droit de dire : « Ce qui est cause d’un effet selon une de ses propriétés peut en même temps être une pure condition par rapport à une autre propriété du même effet. » Cursus théologiens, Lvon, 1685, t. i, 1. VI, q. xiv, a. 7, p. 599.

.Mais, poursuivra-t-on, ne reste-t-il pas encore une contradiction ? D’après vous, les motifs de crédibilité ne font point partie de l’objet formel et spécificateur, et cependant ils donnent seuls à l’acte de foi une de ses propriétés essentielles. Comment concilier ces deux assertions ? — En distinguant, parmi les propriétés essentielles de l’assentiment de foi, celles qui sont génériques, et celles qui sont spécifiques. Qu’un acte d’intelligence soit raisonnable, c’est là une propriété générique qui convient à toute espèce d’acte intellectuel. En donnant seulement cette propriété à l’acte de foi, les motifs de crédibilité ne lui donnent rien de distinctif, ils ne le spécifient pas, ils n’ont donc aucun droit à faire partie de l’objet formel, qui spécifie. Par rapport au fonctionnement de l’objet formel, ils restent une simple condition. Le P. Pesch a bien développé cette solution. Pnrleeliones…, .’1e édit., 1910, t. viii, prop. 17, surtout n. 310, 311, 315, p. 140, 142.

Ceci nous permet de distinguer une double analyse de la foi. Il y a l’analyse théologique, remontant de l’objet matériel à l’objet formel et de la foi au principe qui la spécifie. Le grand problème est d’expliquer pourquoi et comment c’est à l’aucloritas Dei revelanlis que cette analyse doit s’arrêter, bien que des motifs de crédibilité antérieurs soient nécessaires pour mettre l’esprit en contact avec cette autorité et cette révélation. C’est le problème que nous venons de traiter. Sa solution se résume à dire que l’aucloritas Dei revelanlis, prise en elle-même et à l’exclusion de la ci nnaissance que nous en avons et des motifs de crédibilité qui fendent cette connaissance, détermine seule les caractères spécifiques de la foi. est le seul principe spécificateur et par conséquent le seul objet formel : il n’j a donc pas lieu d’aller chercher plus loin dans cet ordre d’idées, ni de faire remonter plus haut l’analyse dans cette ligne de l’objet formel, la seule qui préoccupe l’analyse théologique. Mais il a aussi l’analyse apologétique : celle qui, ayant à justifier devant notre propre raison et celle d’autrui l’assentiment à nos degmes, et à le montrer raisonnable, remonte des m slères de la foi au témoignage divin qui par son autorité les garantit, puis de ce divin témoignage à ses preuves, aux motifs de crédibilité. Ici. nous sommes dans une ligne toute différente : il n’y a plus a songer au problème théologique de la spécification et de l’objet formel, mais seulement à montrer que la foi aux dogmes est raisonnable : et puisqu’elle ne l’est que par les motifs ou arguments de crédibilité) c’est jusqu’à eux qu’il faut remonter sans crainte, ou plutôt jusqu’aux premiers laits et aux premiers principes qui leur servent de point de départ, et d’où l’esprit est descendu, par une chaîne Ininterrompue, jusqu’à l’assentiment de foi. Celui ci. malgré sa surnaturalité et ses autres traits distinctifs, rentre ainsi dans la loi générale de la pensée humaine, qui est de ne rien admettre sans preuve s’il n’a pas évidence immédiate, el de remonter de preuve en preuve jusqu’à des faits ou des principes premiers qui se justifient par leui propre évidence. Les Salmanticenses, tout partisans qu’ils sont du dernier système, distinguent sembla blement deux analyses île la foi. sous les noms d’objective et de subjective. La première considère l’acte de loi du cote de son objet formel, la seconde la considère ilu côté du Sujet, on des actes préalables qui sont dans i i Cursus Iheologlcu » , De jute, dlsp. l. n. 172,