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GEORGES D’AMIENS

GEORGES DE CHYPRE

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capuccinorum, Venise, 1747 ; Richard et Giraud, Dizionario délie scienze ecclesiastiche, Naples, 1868 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1907, t. iii, col. 1089-1090, où l’on trouvera diverses références que nous omettons.

P. Edouard d’Alençon.

3. GEORGES DE CHYPRE (1241-1290), patriarche de Constantinople sous le nom de Grégoire II (1283-1289). — I. Vie. II. Doctrine sur la procession du Saint-Esprit. III. Autres œuvres.

I. Vie.

Nous connaissons assez bien la vie de Georges, grâce à une autobiographie qu’il a eu soin de laisser à la postérité. Il naquit en Chypre, en 1241, au temps de l’occupation de l’île par les Lusignan. Ses parents étaient grecs : c’est à tort que l’on a prétendu qu’il était italien d’origine. Après de premières études élémentaires, il fréquenta, de neuf à quinze ans, une école franque de l’île, mais les progrès qu’il y fit furent médiocres, à cause de sa connaissance imparfaite de la langue latine. Rentré dans sa famille vers 1255, il en repartit, quelques années plus tard, à l’insu et contre le gré de ses parents, et alla à la recherche des grands maîtres de l’hellénisme. A Éphèse, il essaya, mais en vain, d’approcher Nicéphore Blemmydès : celui-ci refusa de le recevoir. Constantinople étant assiégée lorsqu’il y arriva (1260), il se rendit à Nicée, espérant y rencontrer les célébrités littéraires et philosophiques de son temps. II eut la déception de n’y trouver que des maîtres de grammaire ou de rhétorique élémentaire. Plus tard, cependant, venu à Constantinople, il put suivre les leçons publiques que donnait le grand logothète Georges FAcropolite. Il fréquenta ses cours durant sept ans, de 1266 à 1273.

Dès avant la fin de ses études, il avait été ordonné lecteur, par le patriarche Joseph I". (1267-1275), et avait même été inscrit au nombre des clercs du palais avec le titre de prolapostolaire (premier lecteur). Il sut se montrer pariait courtisan, soutint avec ardeur les vues officielles favorables à l’union, et combattues par le grand chartophylax, Jean Veccos, alors adversaire des latins. Bientôt Veccos, vaincu par la vérité, aperçue dans une étude consciencieuse des Pères, se fit catholique. Ses hautes qualités le placèrent immédiatement au premier rang des partisans de Rome. Il dut être pénible à certains de ces derniers de se voir ainsi éclipsés. Est-ce cette jalousie secrète, signalée par Grégoras, qui fit évoluer l’esprit de Georges de Chypre ? Nous l’ignorons. Toujours est-il que les premiers jours du règne d’Andronic II (1282-1328) le trouvèrent schismatique.

Il prit part au synode qui, dès le début de 1283, exila le patriarche Jean Veccos, dont il fut, depuis lors, le grand adversaire. C’est pour le combattre qu’il écrivit son premier traité théologique, un violent pamphlet intitulé : Ao’yo ? àvxtppr)Ti/.o ; xaTa tûv toj Bsxxou (SXaacp7)[j.iâ>v, par lequel il essayait ses forces contre son rival et posait sa candidature au siège patriarcal. Veccos ne connut que plus tard le factum de Georges et le réfuta avec vigueur. M. de Rubeis, P. G., t. cxlii, col. 88, a prouvé que cette réponse n’est autre que le Aôyo ; $’eî ? tÔv To’jiov toj Kû^piou, P. G., t. cxli, col. 896-925. Lorsque parut ce travail, déjà l’œuvre du Chypriote avait porté ses fruits, et élevé son auteur au siège œcuménique. Le vieux patriarche Joseph I er, qu’Andronic avait rétabli dès son avènement, était mort après trois mois de pontificat, et l’empereur n’avait point trouvé d’homme plus capable d’occuper le poste vacant, que le jeune adversaire de Veccos et des partisans de l’union. Georges, qui était encore simple clerc séculier, embrassa pour quelques jours la vie monastique et prit dès lors le nom de Grégoire. Ordonné, coup sur coup, diacre, puis prêtre, il reçut

enfin la consécration épiscopale le. Il avril 1283.

Les six ans du patriarcat de Grégoire II furent surtout consacrés à la réaction contre l’œuvre de Michel VIII Paléologue et du concile de Lyon. En 1284, Andronic, de retour d’une course théologique en Asie, convoqua en synode aux Blachernes des prélats, des clercs, des moines et des grands de l’empire, pour examiner certaines difficultés que Veccos et ses amis faisaient au patriarche. Grégoire présidait. Il put se mesurer à son rival, que l’on fit comparaître avec les autres défenseurs de la foi catholique, Constantin le Méliténiote et Georges le Méthochite. Une vive discussion s’engagea sur la procession du Saint-Esprit, et elle ne fut pas à l’honneur des schismatiques. Parmi les textes opposés par Veccos, un surtout les embarrassa, c’est le passage célèbre de saint Jean Damascène : A’.à Ao’you r.ooZolzbç, èxtfavToptxoù Il/îJ ; xaTo ;. Leurs explications furent même si embrouillées et si confuses que, pour voiler la défaite, on leva la séance. Grégoire reçut ensuite la mission de donner, dans un écrit officiel, l’explication « orthodoxe » de la pensée du saint docteur. Ce fut l’objet du To ; j.oç T^rsto ;. P. G., t. cxlii, col. 233-246. Ce traité est l’œuvre théologique capitale du Chypriote. C’est aussi celle qui le perdit.

L’auteur y expliquait la procession du Saint-Esprit par une théorie nouvelle, l’Êxçavaiç à(810 ;, que nous exposerons plus loin. Elle n’eut pas le succès qu’il en espérait, loin de là. Non seulement elle fut combattue par Veccos, mais des schismatiques eux-mêmes la rejetèrent et se refusèrent, malgré les injonctions de l’empereur, à signer un document qui favorisait ouvertement « l’hérésie latine » . Le métropolite d’Éphèse, Chilas, dénonça les erreurs du patriarche à Andronic II.’Iwâvvou tou /eiXâ u7]Tpo ;  : oXiTOj’Etpsaou Jtpo ; xov’AuTOxpâtopa, P. G., t. cxlii, col. 246. Grégoire dut, pour se défendre, composer un nouveau traité théologique, 1’'A-o/oyia, où il accentuait en les expliquant ses premières affirmations, ’AroXoyîa Ttpoç tyjv zaxà tou To’pLOu [x£[AÇtv îayupoTaTr ;, P. G., t. cxlii, col. 251. En même temps, le métropolite de Philadelphie, Théolepte, découvrait, dans le To’iaoç, les hérésies d’un moine obscur de l’époque, juif converti, nommé Marc, sur le sens du mot -po60Xej ;. Devant la ténacité du moine à se prévaloir d’une approbation patriarcale, Grégoire dut s’expliquer de nouveau et composa une confession de foi explicite, intitulée : ’OjJ-oXoyia to3 Kj-ptou rprjyopio’j, ysyovuta ôr.oze. r éxiaûaTaai ; yéyove xax’aÙTOv jtapà tùv xX^pixaiv xai Tivtov àpyiepéwv 81a to ypà|j. ; j.a toj èÇ’ESpaiov, [jwcXaov 8 : ’IojSa, Môépxou, P. G., t. cxlii, col 247. Il envoya même à l’empereur sur ce sujet une lettre qui nous est restée. P. G., t. cxlii, col. 267.

Ses ennemis n’en désarmèrent point pour cela. L’opposition grandissait au contraire, accrue par l’obstination du patriarche d’Alexandrie, Athanase, dans son refus de reconnaître Grégoire. D’autre part, les arsénites, qui avaient troublé son patriarcat dès les premiers jours, promettaient de rester en paix, s’il abandonnait le pouvoir Devant tant de difficultés, il se retira provisoirement au monastère de l’Hodégètria. C’est là que l’empereur, de plus en plus refroidi à son égard, le fit prier de résigner sa charge. Il s’y décida, en juin 1289, et passa le reste de ses jours au couvent d’Aristène, à Psamatia. Dans sa retraite, il travaillait à se défendre par écrit. Peut-être est-ce là qu’il acheva son grand traité Ihpt ttj ; h.-opî-JiiMç toj’Ayiou nv£JaaToe, P. G., t. cxlii, col. 269. Il laissait aussi, sur le même sujet, une deuxième explication de son Topio ; -’cjtswç. Il mourut en 1290.

II. Doctrine sur la procession du Saint-Esprit.

— Le premier ouvrage théologique de Grégoire II,