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IMAGES (CULTE DES]


cl au royaume futur, pourquoi les amis du Christ ne participeraient-ils pas à la gloire terrestre ? Dieu dit : Je ne vous appelle plus serviteurs ; vous êtes mes amis… » Leur refuserons-nous l’honneur qui leur est accordé par l’ÉgHse ? » De imaginibus, orat. ii, 15, P. G., t. xav, col. 1301 ; Ermoni, op. cit., p. 291.

« Que certains ne se scandalisent pas, dit saint Germain

dans sa lettre à Thomas de ClaudiopoJis, de ce que, devant les images des saints, l’on allume des lumières et l’on brûle de l’encens, car tout ceci s’accomplit selon un dessein symbolique pour l’honneur de ceux qui ont maintenant leur repos avec le Christ et dont l’honneur remonte à lui, selon le mot du sage Basile : l’honneur que les coscrviteurs rendent à ceux qui sont vertueux fait voir leur bonne volonté envers le commun maître. » Mansi, t. xui, col. 124. La même sentence se trouve dans la lettre synodique de Théodore de Jérusalem. Mansi, t. xii, col. 1143. Ainsi, c’est en dernier ressort à Dieu que rejaillit l’honneur rendu soit aux images, soit même aux prototypes, car c’est pour le glorifier qu’on honore les uns et les autres.

e) Des iconomaques, gênés qu’on leur opposât toujours le principe de saint Basile ; L’honneur de l’image passe au prototype, objectèrent que ce grand docteur ne pensait nullement aux images saintes, mais n’avait pour but que de démontrer la divinité du Verbe. Saint Nicéphore leur répondit que saint Basile supposait ce principe vrai pour les images artificielles, puisque c’est de là qu’il s’élevait à ses considérations théologiques. Ce maître, traitant de la nature de Dieu, et sachant bien que le Fils est de même nature et de même substance que le Père, professant qu’il n’y a pas de différence entre eux sinon d’hypostase ou de personne, eut besoin, parce que beaucoup d’hérétiques s’étaient élevés contre la gloire du Fils, d’établir et de montrer par un exemple la vraie doctrine : car nous avons coutume d’expliquer au moyen de choses qui sont parmi nous celles qui sont au-dessus, comme on peut le voir dans la sainte Écriture et non moins chez les docteurs de l’Église. Après avoir dit : Comment, s’il y a un et un, le Père Dieu et le Fils aussi Dieu, n’y a-t-il pas deux Dieux ? Et tournant son discours au dialogue : « Parce que, dit-il, l’image du

« roi est appelée aussi roi, et il n’y a pas deux rois ; ni
« lapuissancen’est divisée, ni la gloire n’est partagée. » 

Ensuite, comme si quelqu’un demandait d’où cela pouvait tirer son évidence, il apporte pour confirmer son e.vemple des pensées connnunes à tous et sur lesquelles tout le monde s’accorde, disant : « Car l’hon neur de l’image passe au prototype. » Personne, en effet, ne pense autrement de l’image, et en tous ceux qui ont la raison, non seulement l’enseignement, mais la nature même a inculqué cette idée. Ayant achevé cet exemple, il reprend son discours où il l’avait laissé : Ce que l’image fait ici par imitation (ici, il

« s’agit évidemment de l’image qui doit à l’art sa simi

lilude), là, le Fils, le fait par nature. » Ensuite, ce Père, connaissant bien la différence et la ressemblance des images artificielles avec leurs prototypes, se sert de nouveau de cet exemple qui a une sorte d’analogie avec l’image naturelle et dit : « Et de

même que dans lesimages artificielles la ressemblance

est quant à la forme, ainsi dans la nature divine qui

n’a point de parties, de la communication de la

divinité résulte l’unité.. Anlirrli., 111, 21, 1 G., t. c, col. 4O8-40y.

f) Enfin, nous disent les protestants, même à suppo 6er que le culte des images dans le sens où l’expliquent les théologiens, soit raisonnable et légitime, il reste que la foule ne peut s’élever à leurs considéralions subtiles et que son culte pour les images ne peut M dégager de la superstition. Le vulgaire pense que les images ivent : c’est pourquoi il les prie et leur

parle comme si elles entendaient. De là vient que l’on préfère les unes aux autres et que certaines sont des buts de pèlerinage. Cette seule raison devrait suffire pour abolir le culte dont il s’agit. — — Que le culte des images, sans enseignement ni contrôle, puisse être, pour les simples, une occasion de superstition, personne ne le nie. Mais l’enseignement est donné, le contrôle est fait par l’Église elle-même. Il n’y a donc pas de péril pour la communauté chrétienne. S’il est des particuliers qui, faute de s’être fait bien instruire, sont dans l’erreur, ou ils se corrigent eux-mêmes implicitement par l’intention où ils sont de vouloir agir dans l’esprit de l’Église, prêts qu’ils sont à embrasser son enseignement aussitôt connu, ou s’ils sont obstinés dans leur propre sentiment, c’est alors à eux-mêmes qu’il faut attribuer leur stupide aveuglement, et non point à l’Église, à qui ils résistent. Du reste, c’est abuser que de prétendre que le vulgaire attribue vie et personnalité aux images. Si, dans la vie civile, il sait distinguer le roi de la statue du roi, pourquoi serait-il à ce point insensé, surtout après avertissement, que de prendre pour le saint lui-même la statue du saint ? D’où vient cette manie d’ôter la raison à l’homme dès qu’il fait acte de religion ? D’un côté comme de l’autre, l’homme est homme, et l’image est l’image, et il ne faut pas plus de subtilité d’esprit pour la distinguer du prototype, si celui-ci est saint Antoine de Padoue que si c’est Napoléon. Maintenant, que le fidèle aime mieux prier devant telle image que devant telle autre, qu’il aille en pèlerinage à une image célèbre, il peut y avoir à cela des motifs honnêtes ; car ou ces images sont en même temps des reliques, ayant été faites ou possédées par des saints ; ou bien Dieu a accompli en elles des prodiges insignes : ou bien elles représentent leur prototype d’une manière plus vive, et par là excitent une plus grande dévotion : tous motifs raisonnables qui n’ont aucun relent de superstition.

5. Pourquoi l’Église a-t-elle tant combattu pour le culte des images ? — Si l’usage et le culte des images ne sont pas choses essentielles à la religion chrétienne, étant ex génère àSiaçopwv, pourquoi les a-t-elle tant défendus ? Pourquoi a-t-elle opposé ses docteurs, réuni ses conciles, donné le sang de ses martyrs ? A cela il y a plusieurs réponses, dont certaines sont contenues dans ce qui précède. L’Église n’a pas voulu priver ses enfants des précieux avantages et secours que leur procurent la vue et la contemplation des saintes images ; elle n’a pas voulu frustrer Notrc-Siigneui, la sainte Vierge et les saints de l’honneur qui leur revient de la vénération des images qui les représentent, ni surtout permettre qu’injure leur fût faite par la destruclion et le bannissement des images ; car l’injure, comme l’honneur, passe de l’image au prototype. De plus, comme dit Bossuet, « l’Église catholique, fidèle dépositaire de la vérité, veut conserver ce qui est utile, c’est-à-dire qu’elle donne pour essentiel ce qui est essentiel, pour utile ce qui est utile, pour permis ce qui est permis, pour défendu ce qui l’est, et ne veut priver ses enfants, ni d’aucune chose nécessaire, ni même d’aucun secours qui peut les exciter à la piété. ^ Du culte des images, i, loc. cit., p. 75. Mais surtout, elle n’a pas du supporter l’accusation que lui faisiùent les iconoclastes d’être tombée dans l’idolâtrie. C’est ce que leur reprochent unanimement les défenseurs des images et les Pères du IP concile de Nicéc. C’est le l)rincipal sujet de leur condamnation. « 11 faut prendre garde, écrivait saint Ciermain à Thomas de Claudiopolis, que les ennemis de la croix du Christ ne prennent occasion de là pour s’éleer contre notre foi et qu’ils en viennent à dire : Jusqu*à maintenant les chrétiens ont été dans l’erreur. Mansi, op. cit., t. xui, col. 123. A la fin de son livre lîepl « Ipéaswv, saint