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IlONORIUS AUGUSTODUNENSIS


ménique de I.alran en 1123, avait lancé l’exconinuinication contre les prêtres concuhinaires publics. Ilonorius prend occasion de cet acte pontifical pour développer, au sujet de la mi’sse dite par ces prêtres, une étrange théorie. Après avoir démontré que non seulement le mariage, mais que l’usage même du mariage antérieurement contracté sont interdits au prêtre après l’ordination, après avoir résolu les objections contre cette théorie que pouvait faasser l’histoire de l’ancienne Église, il en vient à cette question : Est-il permis aux chrétiens d’entendre la messe de ces prêtres ou de recevoir de leurs mains les autres sacrements ? Anselme lui-même avait déclaré illicite la participation du peuple fidèle aux sacrifices et aux sacrements célébrés par les coupables, mais, fidèle à la doctrine classicfue, il n’avait pas douté de la validité de ces actes. UElucidarium d' Ilonorius développait le même point de vue ; quamvis damnaiissimi sini, écrivait-il de ces prêtres, tamen per vcrba quai récitant fit cnrpus Domini. P. L., t. CLXXii, col. 1130. Il ajoutait, il est vrai, un peu plus loin, une réflexion qui contient en germe la nouvelle théorie. Ces prêtres, demandait-il. peuvent-ils absoudre ? Oui, répondait-il, s’ils ne sont pas séparés de l'Église par un jugement public. Quamdiu sunt in communione Ecclesise, omnia sacramentii pcr cos facta eruni rata ; si cxclusi facrint, quæcumquc egerint, crunt irrita. Ibid., col. 1132. Il sulfit de presse)' un peu cette expression de sacramenta pour arriver à la doctrine soutenue dans VOfjendiculum, p. 36 ; édit. Dieterich, p. 50 : « Ceux qui vivent publiquement dans la fornication ne peuvent pas offrir le sacrifice à Dieu, et ceux-là ne peuvent point produire le corps du Christ, qui sont en dehors de l'Église : nec Christi corpus conficiunt qui extra Ecclesiam sunt. » C’est une conséquence de l’excommunication dont le pape a frappé les prêtres mariés, p. 37. Leur messe n’est donc qu’un simulacre, une dérision de Dieu ; ceux qui sciemment y communient s’attirent la malédiction divine ; et si quelqu’un reçoit en guise de sacrement leur pain souillé, c’est comme s’il prenait du pain souillé par la gueule d’un chien. Suivent les règles pratiques à observer par le peuple chrétien dans ses rapports avec les prêtres scandaleux. A la suite de rC^f’ndicuZum, Dieterich a publié un De apostatis, qui étudie la question des moines infidèles à leur vocation, qui abandonnent leur cloître pour mener la vie séculière.

Summa totius seu de omnimoda historia.

Cette

chronique n’est conservée au complet que dans un seul ms. ; elle n’a pas encore été publiée complètement. Les Monumenta Germanise historica. Scriptores, t. x, p. 128 sq., copiés par Migne, P. L., t. clxxii, col. 187196, ne donnent que le début et la fin, à partir de l’an 726. Il serait à désirer que le texte soit public complètement ; il donnerait de précieux renseignements sur les connaissances d’Honorius.

7° Gemma animæ, de divinis officiis, P. L., t. clxxii, col. 541-738. — L’authenticité n’apas été mise en doute. C’est une explication symbolique de l’office divin, de la messe et des fêtes. On y trouvera au mieux les idées chères au moyen âge relatives à la signification des diverses parties de la liturgie, du costume ecclésiastique, du mobilier sacré. L’auteur dépend étroitement d’Isidore de Séville et d’Amalaire de Metz, ses prédécesseurs, aussi bien que de Rupert de Deutz, son contemporain.

8° Sacramentarium, de sacramentis, P. L., t. clxxii, cerf. 737-814. — L’authenticité semble incontestable. Ce n’est point, comme le nom semblerait l’indiquer, un traité sur les sacrements, mais une explication tout à fait analogue à la précédente de la liturgie ecclésiastique. Elle débute par la description des diverses époques de l’année liturgique, puis traite des divers

ornements sacrés, à propos de l’ordination, pour revenir encore à l’année liturgi((ue et enfin à l’exijlication de la messe. Peu de composition et rien de bien neuf. Toutes les idées exprimées ici se retrouvent dans Pierre Damien, De srptem horis canonicis ; Robert de Lié^e, De divinis officiis ; Briinon d'.sti, De ornameniis Hcclesiæ.

9° Neocosmos, de primis sex diebus, P. L., t. clxxii, col. 253-266. — Est indiqué par la notice à la suite des œuvres précédentes ; la petite préface qui se Ut col. 253 (car ce que Migne intitule prsefatio, col. 253, est un fragment qui n’a rien à faire ici) a la même allure personnelle que les autres préfaces d’Honorius. Le traité lui-même est un Hcxnmeron, c’est-à-dire une explication de l'œuvre des six jours de la création. A côté de l’exégèse littérale on trouve à diverses reprises une adaptation mystique souvent hardie. Rupert de Deutz a sans doute été mis à contribution ; mais le plus clair des idées vient de saint Augustin. Le c. VI de Migne, col. 265, est un fragment relatif à la chronologie de la vie du Christ, qui n’est point ici à sa place.

10" Eucharisliun, de corpore Domini, P. L., t. CLxxii. col. 1249-1258 ; le traité y est au complet, quoi qu’en dise Denis, qui avait cru trouver dans un ms. de Vienne, n. S63, des fragments de cet écrit. Codices mss. theologici bibliothecæ Vindobonensis, t. ii, p. 1454. L’authenticité n’a pas été mise en doute. C’est le plus personnel des ouvrages d’Honorius ; on sent que la controverse bérengarienne sur la présence réelle a réveillé l’ardeur de la foi en l’eucharistie. On y trouve l’aflirination catéiiorique du chantement substantiel du pain au corps du vin au sang du Christ ; substanliam panis et vini commuto vobis in corporis mei edulium, fait dire l’auteur à Jésus, col. 1251. La seconde partie étudie les questions relatives aux effets du sacrement chez les justes et les pécheurs, à la validité de la messe en diverses circonstances. Comme dans V OfJ mdiculum, l’auteur fait de l’union du prêtre avec l'Église une condition indispensable de la validité de la consécration. Les prêtres les plus criminels, pourvu qu’ils soient dans l'Église catholique, consacrent validement. Mais en dehors de l'Église nulle administration vahde dn sacrement. Extra Ecclesiam autem, scilicet ab hæreticis, a judæis, a gentilibus nec hoc sacramentum perficitur, nec munus oblatum accipitur, col. 1253. La doctrine est pourtant moins ferme que dans VOff ndiculum. Les simoniaques, qui sont censés parmi les hérétiques (on sait que la validité de leurs ordinations était sérieusement contestée), consacrent néanmoins par la foi en la Trinité, mais à cause de leur mauvaise vie, ils ne participent point au corps du Christ. Simoniaci, qui quidem inter hæreticos censentur, sed tamen fide integerrima catholicis admiscentur, per fidem Trinitatis Cfiristi corpus conficiuni, sed efus participes ob reprobam vitam non fiunt. Ibid.

11° Cognitio vitse, de Deo et œterna vita. — Le texte avait été édité par les bénédictins parmi les œuvres faussement attribuées à saint Augustin. Migne l’y a laissé. On le trouvera donc P. L., t. xl, col. 1003-1032. Le traité n’est point complet. Il faut intercaler entre le c. xxxvii et le c. xxxviii, col. 1025, un passage intitulé : De vitiis et virtutibus donné par plusieurs mss et publié par Endres, Honorius Augustodunensis, Appendix I, p. 138-140. Ce morceau a été parfois recueilli, indépendamment du traité complet, par quelques mss, et désigné sous le titre barbare : Suum quid virtutis de virtutibus et vitiis, dans un catalogue des œuvres d’Honorius. Ce titre se résout en celui-ci : Quid sint virtutes, de virtutibus et vitiis. Les mauristes avaient déjà reconnu l’appartenance de la Cognitio vitse à Ilonorius ; il n’y a pas à revenir sur leur démonstration, dans P. L., t. xl, col. 1003-1006.