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HOSIUS


gen, en cul connaissance et s’empressa de la réfuter dans un ouvrage qui parut en 1552 sous le titre : Assertio fidei catholicæ. Brenz se défendit d’abord dans ses Prolegomena in apologium conlessionis, de 1555, puis dans son Apologia con/cssionis qui parut à la fin de 1555 et en 1561. Or, en 1556, Piètre Paolo Vergerio vint tout exprès en Pologne pour les recommander au roi. Il les fit imprimer en décembre 1556 à Kœnigsberg.avec une préface dans laquelle il demandait une discussion publique, en présence du roi lui-même, avec le nonce Aloysio Lippomano. Le roi n’accéda pas à cette demande. Mais son attitude indécise, en cette affaire comme en celle du concile national, n'était pas sans causer de vives inquiétudes aux catholiques. De plus, les ouvrages de Brenz trouvaient de nombreux lecteurs et même des éditeurs jusqu'à BrestLitovsk et à Allenstein. Hosius avait appris la publication de l’ouvrage de Brenz en Pologne, à la diète de Varsovie de décembre 1556. Il le demanda et le reçut au commencement de 1557. II se mit aussitôt au travail. Telle est l’origine de la Conjulalio prolegomenoriim Brenlii quæ primum scripsit adi’ersus Pelnim a Solo. Suivant son habitude, Hosius en soumettait chaque partie, une fois terminée, au jugement de ses pairs ou de ses amis. En mai 1557, il envoyait la première partie au synode de Piotrkow. Il adressait les autres à divers personnages, en particulier à Otto Truchsess, qui l’approuvait. L’ensemble fut terminé en octobre et dédié au roi, auquel l’ouvrage s’adressait tout spécialement. Mais en raison des retards de l’impression, l’ouvrage complet parut seulement au début de 1558, à Cologne. Une traduction polonaise, due à Rotinulus, en fut faite aussitôt et répandue dans le peuple.

C’est contre les mêmes adversaires, mais particulièrement contre Vergerio, que fut composé un autre ouvrage de Hosius, le De expresso Dei verbo, qui parut en 1558. Il y combattait la doctrine de l’intelligibilité de l'Écriture pour tous et y démontrait la nécessité d un interprète autorisé et éclairé par Dieu. Brenz, avant de répondre pour son compte, se tourna d’abord vers Vergerio, qui était son homme de confiance en Prusse et en Pologne et qui jouissait de la faveur du duc Albert et du prince Radziwill. Celui-ci publia donc ses Dialogi IV de libro qiiem S. Hosius conlra Brentium et Vergerium edidit, dans lesquels il attaquait aussi bien la Confiilalio que le De expresso Dei verbo. Puis Brenz entra lui-même en lice dans une longue préface mise eu tête de l’ouvrage de son ami Andréa, Refntalio pia et perspicua criminationum, calumniarum, mendaciorum qiiibus S. Hosius non solum prolegomena Brenlii, verum eliam universam vcre piam doclrinam contaminare conaliis est, qui parut à Francfort en 1560. Cette polémique en avait entraîné une autre. Dans le De expresso Dei verbo, Hosius avait utilisé un violent pamphlet publié iiar Erasmus Albérus contre l’un des hommes qui avaient le plus travaillé à faire réussir la Réforme en Pologne, Jean Laski. Celui-ci releva l’attaque dans sa Brevis ac compen^iaria responsio ad colleclos quosdam ex Ernsmo Albero per S. Hosium articiilos de doclrina Joannis a Lasco atque hue in Poloniam trttnsmissos simulquc et ad libellnm ipsius editum De oppresso verius quam expresso Dei verbo. Cette violente attaque était dédiée au châtelain même de Cracovie, le comte Tarnow. Hosius ne pouvait la laisser sans réponse. De là le De oppresso Dei verbo, composé en 1559. Mais Laski étant mort sur les entrefaites, Hosius ne publia point son ouvrage, qui parut seulement en 1584, par les soins de son secrétaire Flescius.

Dès 1558, le pape Paul IV, reconnaissant les grands services et le zèle de l'évêque de l’Ermland, l’avait appelé à Rome, pour prendre ses avis au sujet des

affaires religieuses de la Pologne et de la Prusse. Celuici réjjondit à cet appel en juin 1558.

Après un court séjour à Vienne, il arriva à Rome le l'^ septembre. II y resta jusqu’en 1560, occupé des affaires de la curie et surtout de la lutte contre l’hérésie. Il y retrouva ses amis de Bologne, Otto Truchsess, Christophe Madruzzo et un autre cardinal avec lequel il se lia étroitement, Jacopo Puteo. Il jouissait de la faveur de Paul IV, qui dès lors voulait lui donner la pourpre. Il refusa. A la mort du pape, le 18 août 1559, il resta à Rome et assista au conclave, où il fut désigné comme futur nonce à Vienne. Cet honneur lui valut une nouvelle attaque de Vergerio, qui publia en 1560 à Kœnigsberg son pamphlet De reverendo domino S. Hosio, aposlolico nunlio per Germaniam deslinato.

Deux graves questions se posaient alors en Allemagne : celle de l’attilude de Maximilien, fils et héritier de l’empereur Ferdinand, et celle de la nouvelle convocation du concile de Trente. Ces deux points furent le centre des négociations du nouveau nonce. Il quitta Rome le 20 mars 1560. Mais, malgré les exhortations de 1 empereur, qui pressait sa venue, il mit un long mois pour arriver à Vienne.

La situation y était critique. Maximilien, endoctriné par son prédicateur Pfauser, penchait de plus en plus au protestantisme. Il résistait obstinément aux menaces de son père et demandait secrètement appui aux princes protestants. Il manifestait en toute occasion ses préférences pour la Confession d’Augsbourg et réclamait la communion sous les deux espèces. Son père l’avait bien obligé d'éloigner Pfauser, en le menaçant de faire noyer ce maître malencontreux. Mais Maximilien exigeait un autre prédicateur de même opinion. Dans ces conjonctures, Hosius arrivait à Vienne le 21 avril. Sa tâche n'était point facile. Son adversaire se dérobait sous toutes sortes de prétextes et par tous les moyens. Ce fut seulement quand il eut la certitude de ne pas être appuyé par les princes protestants qu’il devint plus accommodant. Il accorda dès lors au nonce des entretiens parcimonieusement mesurés, l'écoutant parler sans lui répondre. Mais les faits furent plus forts que son obstination. La perspective de la couronne impériale finit, après bien des tergiversations, par avoir raison de son protestantisme. Quand Hosius quitta Vienne, l’attitude de Maximilien était sinon satisfaisante, du moins correcte, à l'égard du catholicisme.

La question du concile n'était pas moins épineuse. Le nonce avait charge d’exprimer à l’empereur la volonté arrêtée du pape, qui entendait le convoquer à nouveau. Mais il devait attendre, pour le faire, que les ambassadeurs de France et d’Espagne se fussent mis d’accord. Aussi est-ce le 10 mai seulement qu’il put aborder la question avec Ferdinand. Mais celui-ci tenait d’une part à ce que les protest ants fussent invités. D’un autre côté, il ne voulait pas que le nouveau concile fût considéré comme la simple continuation de celui qui s'était par deux fois déjà tenu à Trente. Maximilien était du même avis que son père. Ici encore Hosius n’obtint pas de succès décisif. D’ailleurs, l’attitude des princes protestants, réunis à Naumbourg. vis-à-vis du nonce Delfino, qui venait les inviter au concile, dispensa Pie IV d’insister sur le premier point et affaiblit la résistance de Ferdinand sur le second. Aussi la bulle de convocation fut-elle reçue à Vienne, sinon avec enthousiasme, du moins sans résistance. Hosius s’y trouvait encore quand elle fut promulguée.

Or, dès février 1561, Pie IV l’avait nommé cardinal et, quelques jours plus tard, désigné comme légat au concile qui allait s’ouvrir. De Vienne, il s’occupait activement des préparatifs de la grande réunion. Dans les premiers jours de juillet, il envoyait aux