Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/294

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Là, le greffier lut cet arrêt :

« Nous, syndiques (sic), juges des causes criminelles et de cette cité, ayant veu le procès fait et formé pardevant nous à l’instance de notre lieutenant ès-dites causes instant, contre toy Michel Servet de Villeneufve au royaume d’Arragon en Espagne, par lequel et tes volontaires confessions en nos mains faites et par plusieurs fois réitérées, et les livres devant nous produits, nous conste et appert toy Servet avoir dès longtemps mis en avant doctrine fausse et pleinement hérétique, icelle mettant arrière toutes remontrances et corrections, avoir d’une malicieuse et perverse obstination, perversement semée et divulguée jusqu’à l’impression de livres publics, contre Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, bref contre les vrais fondements de la religion chrétienne, et pour cela tasché de faire schisme et trouble en l’Église de Dieu, dont maintes âmes ont peu être ruinées et perdues : chose horrible et épouvantable, scandaleuse et infectante, et n’avoir eu honte ni horreur de te dresser totalement contre la majesté divine et sainte trinité, ains avoir mis peine et t’estre employé obstinément à infecter le monde de tes hérésies et puante poison héréticale ; cas et crime d’hérésie grief et détestable, et méritant griève punition corporelle. À ces causes, et autres justes à ce mouvantes, désirans de purger l’Église de Dieu de tel infectement, et retrancher d’icelle tel membre pourri ;