Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/458

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Cette révision, acte effronté de réaction jésuitique et anti-libérale, est l’œuvre du Haut-Valais victorieux.




Je suis à l’entrée du Valais ou Vallée du Rhône, ancien département du Simplon, dans une plaine de sables et de bois d’aulnes si épais, si pressés, si embrouillés, si touffus, qu’un guide me sera nécessaire pour me tirer de ce dédale et gagner Noville, premier village vaudois.

Pour passer outre on est obligé de franchir sur une petite barque le fleuve qui entre tout limoneux dans le limpide Léman et en sort à Genève, — environ vingt lieues plus loin, — purifié et clair.

Un demi-cercle de montagnes chenues, sourcilleuses, à pic, telles que le Cubli, l’Arvel, la Dent de Jaman, les Pointes d’Aï et de Mayen terminent avec une sauvage grandeur le vaste bassin lémanique, et font un rempart à Villeneuve[1] .

Celui du Bas-Valais laisse entrevoir d’autres arêtes, d’autres aiguilles, d’autres cônes, et les neiges de la Dent du Midi par dessus ce long enchaînement de sommets chauves et osseux où les nuages et les aigles des Alpes viennent seuls se poser.

  1. Chaque année, le troisième dimanche d’août, on fait aux châlets d’Aï une copieuse distribution de fromages et de crème aux indigents de la contrée qui s’y rendent en foule.