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CYBÈLE

sion spontanée du sentiment artistique de toute une civilisation, et l’œuvre de générations successives. Cette expression ressortait bien entière et sans mélange devant la pyramide massive et le pylône indestructible, qui défient les siècles ; ou la colonnade et le fronton aux lignes pures et harmonieuses comme fut le génie grec ; ou le poème oriental de l’arcade légère se découpant au milieu de rêves d’azur et d’or ; ou encore devant les mystiques faisceaux des grêles tiges de pierre s’élançant vers de vertigineuses voûtes et s’y arcboutant comme à regret de ne pouvoir monter toujours plus haut vers le ciel.

Mais aux époques troubles qui n’avaient su qu’employer ou marier en désaccord des éléments empruntés aux créations du passé, aucune expression propre ne venait à l’esprit pour caractériser les œuvres d’un idéal d’emprunt et c’était le cas précisément de l’époque à laquelle appartenait Marius dont l’amour-propre en souffrit un peu, mais qui confessa cette vérité sans détour à son compagnon. Celui-ci lui fit traverser rapidement plusieurs salles avant de s’arrêter de nouveau, car il fallait beaucoup enjamber encore pour retrouver une manifestation pleine et entière d’un art homogène et véritablement créateur. C’était déjà l’âge du pur métal qui développait des éducations toutes nou-