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CYBÈLE

ouvrir la bouche, répondant à ceux qui les assistaient, en se parlant entre eux avec effusion comme des amis qui se revoient. Ils étaient en effet les uns pour les autres, les seuls hommes qu’ils connussent au milieu de cette foule qui occupait la scène du monde après qu’entre eux et elle s’étaient écoulées de nombreuses générations.

Bientôt revêtus du costume de leur temps que l’on conservait avec des soins précieux, ils furent conduits sur le tombeau et devant la statue même de leur illustre contemporain, un poète qui avait égalé Hugo, et à la gloire duquel ils se trouvèrent un moment comme associés aux yeux de la multitude qui les entourait et les acclamait.

La cérémonie se termina par un discours de bienvenue qu’adressa aux ressuscités le premier magistrat de la capitale et par les bons souhaits qui de divers côtés leur furent exprimés pour le temps qu’ils voudraient bien passer avec la génération actuelle enfin par les quelques paroles que répondirent ces revenants du passé, en termes bien sentis et encore assez distincts pour des hommes dont l’organe, depuis le temps, devait être un peu rouillé.

Il était nuit quand les jeunes gens reprirent le chemin de leur demeure, tandis que de tous côtés continuaient les jeux et les concerts, et que places et rues s’allumaient de flammes multicolores, car