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DANS LA MAISON DE CONDE. 131

CHAPITRE VI.

-1684.

M. le Prince voulait faire de son petit-fils un héros ou du moins un bon homme de guerre ; M. le Duc voulait faire de son fils un courtisan accompli. — Cette divergence de vues 11a bien des intrigues et des querelles dans l’éducation du jeune prince. — Gourville pénètre le secret de M. le Duc, qui veut marier son fils avec M lle de Nantes pour obtenir les grandes entrées. — Il enseigne au jeune prince ce qu’on n’apprend point au collège, à avoir de l’esprit. — Querelles des jésuites avec l’abbé Bourdelot et avec M. Deschamps. — Détails curieux sur l’éducation au milieu de ces querelles. — Gourville pressa .M. le Duc de marier son fils, qui avait eu quinze ans le 11 octobre 1683. — Ni M. Deschamps ni les jésuites ne réussirent à, faire un homme de cet enfant. — M me de la Fayette essaya, mais ne put venir à bout de sa résistance. — M. le Prince lui-même échoua. — M. Deschamps s’avoua vaincu, et se retira dans la solitude. — M. le Prince mit la Bruyère à la place de M. Deschamps, mais dans des conditions toutes différentes.

« Nous devons travailler à nous rendre très dignes de quelque eraploi (1) : le reste ne nous regarde point, c’est l’affaire des autres. )>

— Nous avons vu ce que fit la Bruyère pour se rendre très digne d’un emploi dans la maison de Condé. Il nous reste avoir quel était et emploi et ce que firent les autres pour le lui procurer. Si M. le l>uc, malgré ses brillantes qualités et les leçons de son père, n’avait pu devenir un héros, il ne demandait pas mieux que de voir r duc de Bourbon le devenir à sa place : il était trop bon père pour ne pas vouloir faire le bonheur de son fils, en même temps que le sien. Il avait trop d’esprit pour ne pas reconnaître qu’il fallait avant tout mettre le duc de Bourbon en état de paraître avan- ( i i Chap. u, ii" 10.