Page:Allais - Amours, délices et orgues.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
206
AMOURS, DÉLICES ET ORGUES

trépas, car il s’en fallut peu, voilà une dizaine d’années, que la vaillante petite cité honfleuraise dont j’habite aujourd’hui les parages, ne fût la proie des obus havrais, et cela sous ma détestable impulsion.

La chose vaut peut-être la peine d’être brièvement contée.

C’était un dimanche de la Pentecôte.

À bord du François Ier, qui me transportait de Honfleur au Havre, se trouvaient deux artilleurs qui me parurent ivres autant de rage que de boissons fermentées.

Leurs poings se brandissaient vers la côte et des cris s’exhalaient de leur gorge en fureur : Cochons de Honfleurais ! Salaud de pays ! Tas de fripouilles !

Ils voulurent bien me mettre au courant de la situation.

Arrivés à Honfleur par le précédent bateau, ils s’étaient, tout de suite, pris de querelle