Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/109

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aime bien à se rendre compte, engagea la conversation avec l’humble rouage administratif :

— Une belle journée aujourd’hui, hein, cantonnier ?

— Oui… On en a vu de pires, mais on en a vu de plus belles…

Cette cordialité encouragea Oger.

— Quelle drôle de besogne vous faites là !… C’est bien utile ?

— Oh ! utile, ça, je m’en f… ! Quand je fais ça, je ne fais pas autre chose… C’est le principal !

— Évidemment.

— Moi, je fais ce que ces messieurs me disent de faire, et je me f… du reste !

— Et vous avez bien raison ! Mais qui ça… ces messieurs ?

— Eh ben ! ces messieurs des pontéchaussées parbleu !

— Et pourquoi ce triage ?

— Ah ! voilà. Mon anneau — car c’est un anneau que vous voyez là — a six centimètres de diamètre. Il me sert à enlever de mon tas les trop petits cailloux et les trop gros… Les trop petits, c’est du déchet, on les f… de côté… Les trop gros, on les f… de côté aussi, pour les recasser. On ne garde que ceux qui ont de six à huit centimètres.

— Et ceux-là, qu’en fait-on ?

— On les f… sur la route, ceux-là.

— Pour quoi faire ?