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LA VIE PAS DROLE

ai la profonde horreur de toutes ces saloperies anglo-saxonnes, je demande un simple vermout-cassis… Une heure après, j’étais couché, ivre-mort, au poste de l’Opéra.

— Ivre-mort ? Avec un vermout-cassis ?

— Parfaitement !… Y qu’à moi que ça arrive, ces machines-là ! Voici ce qui s’était passé : Tu sais que chez Reynolds, on sert le gin dans de grandes carafes qu’on pose devant le client… Moi, prenant ça pour de l’eau, j’ai gorgé mon vermout de ce spiritueux.

— Tu ne t’es pas aperçu en buvant ?

— Si… Je me disais : Voilà un vermout-cassis qui a un drôle de goût !… Ça doit être un vermout-cassis américain !… Tu vois ça d’ici !… En sortant, je me suis mis à sauter sur les bancs du boulevard, à embrasser les bonnes femmes dans les kiosques à journaux, et à raconter aux sergots que j’avais connu Félix Faure à la tête d’une maison mal famée de Châtellerault ! Tu devines bien qu’à ce train je n’ai pas moisi à l’air libre !

— Mon pauvre vieux !

— Y a qu’à moi que ça arrive, ces machines-là !… Et la semaine dernière, donc !

— Quoi encore ?

— Je me commande un complet chez un petit tailleur qu’on m’avait recommandé… Un complet à carreaux épatant ! J’étrenne mon costume par une pluie torrentielle, sans parapluie, bien entendu (y