Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/24

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» Sur le trajet, mon amie Lucienne ne disait rien. Évidemment, elle ruminait quelque chose, mais je me demandais quoi.

» Je fus bientôt fixée.

» Nous descendîmes à La Villette, et je me disposais à me diriger vers le bureau de La Villette-Place du Trône, quand Lucienne m’arrêta.

» Avec un culot d’enfer, elle s’avança vers le contrôleur et lui demanda, en montrant nos deux correspondances :

» — Qu’est-ce que c’est que ces petits cartons-là ?

» — Mais, mademoiselle, ce sont des correspondances.

» — Très bien !… Et ces correspondances nous donnent le droit de monter, sans rien payer, sur un omnibus qui correspond avec celui que nous quittons ?

» — Parfaitement !

» — Mais, dites-moi ! Ma correspondance n’est valable qu’à la condition qu’on ne quitte pas le bureau auquel on est descendu ?

» — Parfaitement !

» — Parfaitement, vous-même ! Nous n’allons pas quitter le bureau pour ne pas perdre notre correspondance. Nous allons attendre ici le tramway de la Place du Trône.

» — Mais il ne passe pas ici, mademoiselle. Il faut que vous alliez le prendre au bureau là-bas.