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DEUX ET DEUX FONT CINQ

allait partir, quand, à la dernière minute, monta une petite femme blonde assez fraîche et d’allure comiquement cavalière.

Son regard tournant, tel le feu du phare de la Hève, inspecta les personnes et finit par s’arrêter sur moi.

Elle me sourit d’un petit air aimable, comme une vieille connaissance qu’on est enchanté de rencontrer.

Moi, ma foi, je lui adressai mon plus gracieux sourire et la saluai poliment.

Mais j’avais beau chercher au plus creux de ma mémoire, je ne la reconnaissais pas du tout, mais, là, pas du tout.

Et puis, par-dessus les genoux d’un gros monsieur, elle me tendit sa potelée petite main :

— Comment ça va ? s’informa-t-elle.

J’étais perplexe.

Ma mémoire me trahissait-elle, ou bien si c’était une bonne femme qui me prenait pour un autre ?

À tout hasard, je lui répondis que j’allais pas trop mal.

— Et vous-même ? ajoutai-je.

— Assez bien… Vous avez un peu maigri.

— Peines de cœur, beaucoup. Ma maîtresse, tout le temps, dans les bras d’un autre.

— Et le papa ?

— Pas plus mal, merci.

— Et la maman ?