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MALDONNE

interlocutrice et disons-lui tout de suite ma pénible mésaventure.

C’était le 30 décembre 1892.

Il pouvait être dix heures.

Je procédais aux premiers détails de ma toilette, quand un coup de sonnette déchira l’air de mon vestibule.

Ma femme de chambre était profondément endormie.

Mon groom, complètement ivre, ronflait dans les bras de la cuisinière, très prise de boisson elle-même.

Quant à mon cocher et mon valet de pied, j’avais perdu l’habitude de leur commander quoi que ce fût, tant ils recevaient grossièrement la plus pâle de mes suppliques.

Je me décidai donc à ouvrir ma porte de mes propres mains.

Le sonneur était un monsieur dont le rôle épisodique en cette histoire est trop mince pour que je m’étale longuement sur la description de son aspect physique et de sa valeur morale.

Du reste, je l’ai si peu aperçu, que si j’écrivais seulement quatre mots sur lui, ce seraient autant de mensonges.

— Monsieur Alphonse A… ? fit-il.

— C’est moi, monsieur.

— Eh bien ! voilà, je suis chargé par Madame Charlotte de vous remettre une lettre…

— Madame Charlotte ? m’inquiétai-je.