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DEUX ET DEUX FONT CINQ

J’ai pu constater qu’il est toujours dévoré par la folie du ton.

Et j’ai appris une histoire qui m’a amusé, telle une baleine.

Sa petite bonne amie, à la suite d’un chaud et froid, contracta naguère un fort rhume.

(Pourquoi le chaud et froid est-il si pernicieux, alors que le froid et chaud ne cause même pas à l’organisme des dégâts insignifiants ? Loufoquerie de la nature !)

— Ça ne sera rien que ça, dit le Dr Pelet (leur médecin). Badigeonnez-vous avec de la teinture d’iode. Tenez-vous bien au chaud. Prenez quelques pastilles X… (case à louer), et puis voilà !

Ce soir-là, mon ami et sa jeune compagne rentrèrent de bonne heure (minuit et demi), non sans avoir fait l’emplette d’une bouteille de teinture d’iode.

— Avec un pinceau ? demanda le pharmacien.

À la seule pensée d’acheter un pinceau chez un pharmacien, le peintre et son amie moururent de rire.

La délicieuse enfant se mit au lit et — pâle martyre — offrit sa jeune gorge aux affres du badigeonnage.

— Ah ça, c’est épatant ! s’écria l’artiste.

— Quoi donc ! s’informa la victime.

— Tu n’as pas idée ce que ça fait joli, cet iode brun sur ta peau rose ! C’est épatant ! Ce qu’on ferait une