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NOTES SUR LA CÔTE D’AZUR

— Et moi, quand il y aura trois mille ans que je serai claqué…

— Veux-tu te taire ! malheureux enfant !

— Tiens, te voilà encore ! Est-ce que tu t’imagines, par exemple, que je serai vivant dans trois mille ans ? Et toi aussi ? Et papa aussi ? Et Bébé aussi ? Ah ben zut ! alors, nous serions rien gaga !… Alors, quand il y aura trois mille ans que je serai claqué, à quoi que ça me servira de m’être rasé à faire des devoirs ?… Tiens, veux-tu que je te dise ? Si on était raisonnable, on passerait sa vie rien qu’à la rigolade.


… À Toulon.

Des gendarmes entourent un wagon décoré de cette inscription : ministère de l’intérieur.

En descendent de jeunes messieurs, dénués de distinction et pas très luxueusement vêtus.

Je demande à un vieillard solennel et propret qui a l’air de se trouver tout à fait chez lui dans cette gare :

— Des forçats, sans doute, monsieur ?

— Pas précisément, me répond le vieillard solennel et propret, des relégués, tout simplement… Ces voyageurs sont de jeunes hommes que la police cueillit, une belle nuit, en des bouges de la périphérie parisienne et qui ne purent justifier d’autres moyens d’existence que l’argent à eux versé par leur concubine, argent provenant de la prostitution. Le gouvernement, en vertu d’une loi votée voilà