Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/36

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» Comment ne point admirer ces monstres de force qui se laissent mener avec la docilité du mouton et l’exactitude du chronomètre ?

» Nous étions guidé dans ces merveilleux labyrinthes par le chef-mécanicien lui-même, M. François (François est seulement son prénom, mais son nom est un nom alsacien extrêmement difficile à retenir). M. François nous expliqua avec une bonne grâce, une lucidité d’esprit et un rare bonheur d’expressions, ce que c’est que la vapeur.

» Avez-vous vu bouillir de l’eau ?

» Il s’en échappe une sorte de buée qui se dissipe dans l’air. Eh bien ! cette buée-là, c’est la vapeur.

» Répandue dans l’air libre, elle n’a aucune force.

» Mais si vous la contraignez à passer dans un espace restreint, oh ! alors, elle acquiert une excessive puissance d’extension, et elle met tout en œuvre pour s’échapper de ce milieu confiné.

» C’est cette propriété que les ingénieurs utilisent pour faire marcher leurs machines.

» Et, à ce propos, une remarque assez intéressante.

» Les Anglais dénomment leurs mécaniciens engineers, mot qui, à la prononciation, ressemble à notre mot ingénieur.

» Ingénieur dérive évidemment du mot latin ingenium, qui signifie génie. C’est d’autant plus vrai que le génie est le mot qui sert à désigner la profession des ingénieurs.