Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/98

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— En appelant le garçon.

— Non. Je l’appelle du coffin varnish, du vernis à cercueil, comme vous dites, vous autres Européens.

— Vous me déterminez du froid dans le dos, Cap.

— Maintenant, je ne bois plus qu’une délicieuse bière de Nuremberg que les barons de Tucher fabriquent spécialement pour moi.

En prononçant le nom des barons de Tucher, Cap semblait accumuler sur son chapeau de glob-trotter tous les panaches des féodalités mortes.

— Et ce breuvage, continua le Captain, possède, sans préjudice pour ses autres qualités, la vertu de me rendre un être bon, sensible, délicat et tout de mansuétude… Ainsi, hier, savez-vous ce que j’ai fait ?

— Dites-le-moi, et je le saurai.

— Dans les jardins du Trocadéro, j’ai rencontré un ver de terre amoureux d’une étoile ; je l’ai grimpé tout en haut de la Tour Eiffel et je l’ai confortablement installé sur la hampe du drapeau pour

le rapprocher un peu de l’objet de sa flamme.

— Tous mes compliments, Cap ; vous êtes un homme de tant de cœur !

— Ce n’est pas moi qu’il faut féliciter, mais bien ces bons barons.

— Alors, Cap, clamons éperdus : Vivent les barons de Tucher !