Page:Allais - En ribouldinguant.djvu/70

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décidément, l’odeur résineuse du sapin ne guérissait pas son rhume, il se fâcha assez sérieusement.

— Mais je ne me sens pas mieux, hurla-t-il, le sapin ne me fait rien du tout, c’est un remède de…

L’indignation l’étouffait. Il brisa le cercueil, brisa la pierre et se rendit chez son médecin.

Ce qui se passa dans son interview, nul ne pourra jamais le dire.

Tout ce qu’il est permis d’affirmer, c’est qu’on ne trouva plus désormais aucunes traces de l’illustre savant, ni dans ses bottines, ni, chose plus extraordinaire encore, dans le Bottin !

Hercule Cassoulade vécut jusqu’à l’âge de cent trente ans. Parfois, dans un cercle de voisins respectueux, il aimait à conter l’anecdote :

— Parfaitement… il m’avait ordonné un remède de fillette, à moi ! un mâle ! un homme de bronze ! C’était une cure de je ne sais plus quoi… de pin… de sapin… Enfin, un remède de gosse. Ça n’a rien fait.

Avec l’accent froid et terrible du Destin, il ajoutait :

— Le charlatan me l’a payé. Je suis bon type, mais je n’aime pas qu’on se foute de moi !

Et d’un regard sévère, il fixait tous ses auditeurs, y compris les femmes et les enfants, prêt à gifler, sans exception, tous ceux qui eussent pu, par hasard, avoir l’air de rigoler.

Foc.

Et voilà !

Merci, petit Foc, vous êtes bien gentil, et votre histoire est très drôle.

Je vous en laisse toute la gloire, mais vous me permettrez bien que j’en touche le montant, froidement.

Et puis, envoyez-moi votre nom et votre adresse. Vous me ferez plaisir (sans blague).