Page:Allais - Le Boomerang.djvu/208

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— Tu crois, fait Le Briquetier, dont une pâleur affreuse envahit le visage.

— Faut-il que je t’aime !!!… clame-t-elle. imitant à s’y méprendre, et sans s’en douter, la voix de Mlle Marguerite Moréno (de la Comédie-Française)[1].

Abruti, sidéré, médusé, anesthésié, Népomucène Le Briquetier regarde longuement, avec une inquiétude solennelle, Marie-Blanche Loison.

Puis, de sa gorge subitement oppressée, il put tirer quelques sons possibles, vaguement humains.

— Explique-toi… oh ! oh ! explique-toi… Il y a dans tes paroles un peu de confusion.

Et, simple comme la toute petite agnelette blanche et rose que la brebis vient de mettre au monde sous le ciel bleu :

— C’est, balbutie-t-elle, pourtant bien

  1. Entre l’instant où cette page fut écrite et l’instant présent, où elle voit le grand soleil de la publication, un événement révolutionna les amateurs de théâtre classique : Mlle Marguerite Moreno a froidement plaqué son vieux Claretie pour franchir le pont d’or que lui tendit, d’un geste qui n’appartient qu’à elle, Mme Sarah Bernhardt.