Page:Allais - Le Boomerang.djvu/57

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— Oublions !

— Et maintenant, donnez-moi une absinthe, mon ami. L’absinthe, c’est l’oubli ! L’absinthe, c’est l’évasion céleste de ce bagne terrestre qu’est la vie…

— Peut-être bien.

— Quelquefois, vous voyez un homme dans le ruisseau. Vous dites : « C’est un homme saoul. » Non ! C’est un évadé.

— Et les sergents de ville le fourrent au poste, pour lui apprendre à se sauver une autre fois… Pure votre absinthe ?

— Non, avec de l’anisette.

Et le garçon, selon l’habitude que vous avez déjà dû remarquer, sort en chantant :


Enfants, c’est moi qu’est l’anisette
L’anisette de Beranger[1].


Habitude qui commence d’ailleurs à ta-

  1. Au cas où la maison Beranger ne jugerait pas à propos de reconnaître cette gracieuseté par un fort joli cadeau, l’auteur se réserve de changer, dans les éditions successives de ce roman, le nom de Beranger par celui d’un autre distillateur plus somptueux.