Page:Allais - Le Boomerang.djvu/76

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— À votre place, moi, j’achèterais un chapeau vert et une redingote rouge : ça vous changerait encore plus.

Le Pauvre Bougre haussa les épaules.

— Je n’en ferai rien, mon ami. Apprenez que le gentleman, je parle du vrai gentleman, doit éviter, avant tout, d’arborer dans son costume des couleurs voyantes.

— Vous allez faire la noce, hein ?

Le Pauvre Bougre hausse de nouvelles épaules.

— La noce ! la grande vie ! Ohé ! ohé ! Entretenir des danseuses ? Tout ça avec cent sous par jour ! Vous êtes fou, mon pauvre garçon !

— Il y a danseuses et danseuses. Ainsi, tenez, j’en connais, moi, au Moulin de la Galette…

Mais le Pauvre Bougre ne prête aucune attention aux grivoiseries de son interlocuteur. Son esprit est loin… Le Pauvre Bougre regrette…

— C’est vrai que j’ai été bête… J’aurais dû demander un louis par jour. Pour ce que ça lui coûte, à ce Bon Génie !

— Ah ! oui, on peut dire ! Vous avez été