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mour de la liberté, au dessus de l’esprit de parti, au dessus même de l’esprit national. Ils ont des sentimens magnanimes. Quel peuple à conduire ! Organsinez la science pour cette nation, faites une œuvre digne des inspirations qu’elle a reçues !


CHAPITRE XXXI.


Voici l’embouchure du Serchio, le temps est orageux, la mer se précipite au devant du fleuve, qui recule en courroux vers la terre ; le tonnerre gronde, la pluie tombe par torrens. Une frêle barque est à la mer et s’avance en péril vers le Serchio, où la poussent plus rapidement qu’elle ne voudrait le vent et les vagues ; quelques marins robustes s’emploient à préserver le bateau ; les passagers, inquiets, regardent le ciel, le rivage ; un d’eux s’écrie, s’agite, reproche aux autres leur calme, et laisse voir qu’il craint la mort : petit, pâle, blond, nerveux, son œil est vif, son air, fier, et sa terreur n’a pas détruit l’air de domination qu’il porte. Mais le vent s’apaise, le tonnerre se tait, la mer n’a plus qu’un courroux inégal, l’embouchure du Serchio est moins redoutable, la frêle barque trouve sa route dans le fleuve ; on aborde au rivage, et comme les voyageurs, à terre, reprochèrent à l’homme craintif sa terreur passée, il répondit : « Chacun sait la valeur de sa vie. »

Cet homme était Castruccio, alors simple gentilhomme ; guerrier intrépide, il devint seigneur de Lucques, de Pise, de Pistoïa, chef du parti Gibelin, maître de l’empereur Louis de Bavière : ce fut un héros qui mena les affaires de la Toscane et de l’Italie ; sa mort, sauvant Florence et le parti Guelfe, fit