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de soumettre l’univers, et il serait beau, donnant à la civilisation ses croisades, de porter sur l’humanité entière cette ardeur et cette inquiétude, propres à l’Europe, dont elle déchire ses flancs.



CHAPITRE XXXIX.


Non, le monde n’est pas plus vieux qu’il l’imagine, puisque l’homme commence à peine à vivre sans s’en étonner. Les Égyptiens, les Grecs, et plus tard les chrétiens, s’occupaient sans cesse de Dieu et de l’autre vie ; le genre humain, lassé de vivre, s’y est accoutumé ; et lorsque Pascal, un Égyptien profond et mélancolique, s’est ému, on l’a entendu avec admiration, mais sans sympathie, comme si lui seul devait mourir.

Notre terre, nivelée, refroidie, a perdu son langage antique ; loin de l’orient et des solitudes, privés de nos forêts gémissantes, nous cherchons dans nos villes de pierres si des accidens matériels n’ont pas produit le monde. « C’est à la lueur des éclairs, a dit Vico, que les hommes aperçurent cette grande vérité qu’il y a un Dieu.

Si la terre, lancée autour du soleil, parcourt près de 77 mille lieues par seconde ; si des mondes sans nombre peuplent l’étendue infinie des cieux ; si nous ne trouvons que des parallèles quand des deux extrémités de la terre nous cherchons l’angle des étoiles fixes ; si la voie lactée paraît le foyer, où se forment les soleils, ces proportions démesurées, l’arrangement des sphères, l’attraction, l’harmonie où agissent les causes secondaires, ne prouvent pas si bien Dieu, sans doute, que les passions des hommes.