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les actes de nos organes nous faisaient mal ? Que penser donc de la sagesse de l’homme quand sa loi nous fait mal, quand, s’écartant de son guide, il le méconnaît et lève la main contre son père, crime puni de mort par Moïse ? Ne craignons pas de poser ce principe : dès qu’il y a douleur il y a quelque chose à reprendre, soit dans la personne qui est vicieuse, soit dans la loi ou les circonstances ; la douleur ne doit pas plus s’accepter dans la nature morale que la maladie dans la nature physique ; les positions qui la consacrent sont fausses et inadmissibles. On peut admirer les victimes qui les supportent, mais nul devoir, nulle justice n’oblige l’homme à supporter une douleur que Dieu ne fait sentir que pour qu’on l’évite. Les temps modernes commençant par des catastrophes épouvantables ont établi un principe chrétien d’assujétissement et de souffrance, utile dans des temps de pillage, de viol et d’incendie, où les femmes surtout tremblèrent ; les malheurs sont finis, les temps sont changés. Assez de devoirs inévitables et rigoureux resteront à la nature humaine : assez de femmes verront périr leurs enfans au berceau ; assez d’autres les perdront à la fleur de leurs ans, dans leur naissante beauté ; assez d’affections se briseront par l’absence et la mort ; assez de maux et de périls resteront au courage. Dieu, indiquant victorieusement ses volontés, nous mit sur la terre, se sépara de nous, éprouva notre intelligence pour le comprendre, notre vertu pour lui obéir, nous fit heureux et habiles selon que nous nous élevions à lui, réservant quelques unes de ses intentions pour l’avenir, et douant la femme de force et d’ambition pour qu’elle sût un jour en trouver l’usage. Comme nous ne pouvons pas plus nier la pensée qui préside ici bas que la longue religion pratiquée par les grands hommes et le genre humain, comment craindrions-nous de nous livrer à notre auteur, de lui porter nos fautes et nos faiblesses, d’aller nous faire comprendre et d’aller