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lueur éternelle peut rester d’une telle lumière. Quand une passion éprouvée et douloureuse (mais toute passion est douloureuse) arrive au repos, où nous mènent toutes nos fatigues, il est doux de contempler ensemble la route qu’on a faite ensemble : qui peut mieux nous comprendre que celui qui a souffert avec nous ? La fièvre sacrée est passée, la regretterons-nous ? Son souvenir nous effraie, nous attriste et nous lie.

Pour que la femme atteigne cette hauteur, il faut que l’homme soit convaincu comme elle : le temps finit où les plus faibles soutinrent seuls le poids de la morale mondaine ; l’homme ne peut aborder la poésie, la tragédie, l’éloquence, que par les femmes, comme par elles seules il obtient le bonheur domestique et la dignité privée : la passion est la source de tout un ordre d’idées, de lois, de puissances et d’honneurs ; quelques grands écrivains et quelques femmes supérieures l’ont bien décrite, laissant loin l’antiquité ; ils ont dit que peu de personnes y peuvent prétendre ; la passion sera la garde de ces personnes comme elle en sera le délice et l’effroi ; elle trouvait sa place ici, moyen de vertu pour l’aristocratie naturelle et pour la femme.


CHAPITRE XLI.


Il est un sentiment qui porte sur les petites choses, et qui est par cela même celui de la médiocrité, quoique les grands hommes l’aient souvent éprouvé, c’est la vanité : établissant son empire avec celui de la foule, la vanité, devenue l’âme de la société, a remplacé la morale : aussi les fautes où la vanité pouvait entrer ont été admises ; on n’a été sévère que pour celles où elle n’entrait pas. La vanité a disposé des affections, de l’amour, de la fidélité, du mariage. Les