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nous voudrions que notre voix éveillât les vrais défenseurs de la justice[1].

Éloquence ! prêtez à notre lèvre austère des accens qui touchent et persuadent les hommes ! Versez sur notre diction précise et ferme cette grâce et cette douceur que ne nous a pas données notre sexe. Prêtez-nous votre sensibilité et vos images, faites jouer à travers nos paroles des rayons de lumière. Celui qui a fait parler la morale n’a rien fait s’il n’a fait couler des larmes. Ce n’est pas par la précision des choses de l’univers que Dieu s’est révélé aux premiers hommes, mais par les nuages fuyant, les arbres renversés, les vents plaintifs, l’éclair rapide ! Dans l’ordre sublime, les paroles sont peu de chose, l’émotion est tout ; par un regard, un mot, faites-nous entraîner l’homme où nous avons voulu monter, qu’il compte la noblesse et le bonheur comme des lois saintes, qu’il attendrisse son cœur dans un dernier regard jeté à l’amour, la maternité, le mariage, la fidélité, ces beautés morales que nous voulons rappeler à leur vrai caractère. Faites excuser de trop faibles efforts ; empêchez qu’on ne rie en nous voyant manier une si lourde épée ; prévenez la dure justice, qui nous reverra humble et timide à des travaux inférieurs. Ou plutôt rendons tous hommage à nos chefs, et célébrons sur la terre, sans personnalité et sans envie, les louanges des hommes et des vertus !


FIN.
  1. Avant qu’on eût mis à la mode la cause des femmes, je l’avais soutenue dans quelques romans dont je n’ai pas ici dépassé la hardiesse. Ce petit travail est donc fait par une conviction antérieure aux idées nouvelles.