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c’est la mère qui va, au milieu des tortures et de l’affaiblissement physique, au milieu du sang qui signale pour elle les hautes opérations de la nature, c’est la mère qui va porter sa main incertaine et languissante sur cette frêle et tendre créature où Dieu l’attacha par des liens sacrés et déchirans. Fondateurs des lois, voilez vos fronts pour ce fait, et si, pour récompenser cette femme de son malheur, vous n’avez trouvé que la mort, laissez-nous chercher dans l’amélioration des mœurs s’il n’est rien de plus moral, de plus humain, de plus digne de celui qui inventa la maternité et l’accouchement. Vous avez choisi l’être le plus sensible de la création, vous l’avez placé entre les passions et la honte, vous l’avez épouvanté au moment d’un mal physique effroyable et sublime, et si, au lieu de céder à la nature, il a cédé à la honte, vous l’avez tué honteusement.

Les esclaves aussi connurent de grands malheurs ; les religieux furent martyrisés : des forfaits, sous tous les points du ciel, semblèrent accuser la nature ; mais n’exagérons rien : dans le premier et rude mouvement du monde, bien des êtres durent être brisés.

Une pensée éclatante se présente partout et nous confond ; nous ne la justifions souvent qu’en lui supposant des mystères ; mais elle mesure notre bonheur au prix que nous faisons d’elle.



CHAPITRE IV.


Cette maternité où la femme avait un si tendre penchant, où on l’a tant gênée, lui est à la fois défendue et opposée à tout moment, comme si on ne la lui avait jamais interdite : ainsi, pour la guerre, pour