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les jeunes hommes la troublent ; elle baisse les yeux elle baisse la tête ; sa raison se perd, un désordre général succède à l’innocence. Ardente, humiliée et puissante à la fois, la sagesse la soutient ; sans doute Dieu a bien agi : elle domine son trouble, elle observe cette crise. Comme toute chose ne se trouve pas à son moment sur la terre, peut-être cette fille connaîtra jusqu’à l’égarement le trouble affreux des vierges, dont nul mot ne peut rendre l’horreur ; ses tourmens, ses frissons, son épouvante, fixeront en elle les principes d’une vertu possible et non atroce : dans son supplice ; elle lira les intentions de Dieu ; son organisation forte la menant jusqu’à lui, devant lui, elle prendra la haine des couvens et des lois qui ont opprimé les femmes ; et elle mettra son devoir et sa religion à les combattre.

Sa passion trouve enfin son objet : ici, qui pourrait la retenir ? Sera-ce la convenance, le préjugé ? Il y a une volonté de la nature, la femme la plus forte est la plus subjuguée. Comme l’homme ; elle s’enivre, elle cède. Sa passion sera portée jusqu’au bout avec un entraînement irrésistible. Si c’est dans un mariage heureux, quoi de plus sûr que sa fidélité et sa vertu, riches par les années ? Mais avec les idées de nos temps, il est plus probable que cette femme trouvera dans la passion ces émotions et ces douleurs qui nous font croire que l’univers s’ébranle, qui nous sortent de nous-mêmes et nous donnent la conscience de pouvoirs universels et immortels. Eût-elle un caractère heureux, satisfait par l’étude et l’amitié ; rien ne compensera pour elle le sacrifice de la passion aux petitesses, la vertu du sentiment immolée à la peur ; la maternité faussée par un mariage mal assorti ou des ruptures barbares.

Si cette femme, égale des hommes, est condamnée pour des actions qu’on ne leur reproche pas, elle s’en étonnera justement. Pourquoi lui demander autre