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chez le peuple riche et menée par le talent. Sir Robert Peel s’adresse d’abord, pour former une administration modérée, à cette fraction du dernier ministère que des scrupules religieux avaient fait sortir. Les yeux se fixent à l’instant sur M. Stanley, qui s’empare à lui seul de l’attention ; il refuse, et sir Robert Peel forme un ministère tory pur. Qui ne voit que l’éclat attaché successivement au nom du duc de Wellington, de sir R. Peel, de M. Stanley, n’est qu’un éclat emprunté tenant à l’importance des combinaisons politiques dans ce pays ? Sans doute ces hommes ont du talent, et les hommes n’attachent pas sans mérite leur nom à de si grandes machines. Un appel au pays est résolu ; selon la sagesse et la politique anglaise, rien ne justifiait un pareil appel ni le changement de l’administration, rien que le danger de l’aristocratie et l’audace du duc de Wellington. À présent, au moment où les institutions sont menacées, voyons-les se développer dans leur énergie et leur beauté ; voyons un peuple entier se réunissant sur tous les points pour exprimer son opinion, et trouver dans ses droits de quoi satisfaire sa violence et la calmer ; voyons une ancienne aristocratie en péril qui va, comme pour le meurtre de Tiberius Gracchus, prendre les bâtons et les bancs de bois du forum ; chacun s’agite ; une partie du commerce, fidèle à l’aristocratie, qui est à la fois sa pratique et sa garantie, vote pour elle ; les combats sont bien disputés, les deux partis considérables ; les forces se balancent ; et quand nous rions en France des espérances des tories, c’est faute de connaître l’influence qu’ils conservent. Et nous, avec nos élections tranquilles, nos cent soixante-dix mille électeurs bourgeois, avons-nous l’idée du peuple anglais déchainé dans ces crises ? N’est-pas l’aristocratie qui, imprimant la force au gouvernement, permet le développement des passions populaires ? Plus tard, cette île, privée de