Page:Allart - La Femme et la democratie de nos temps.djvu/98

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83

des mœurs, la simplicité du cœur. Les orages de la vie publique le trouvent d’autant plus accessible, qu’il a plus de vigueur et de jeunesse : c’est le ciel brillant de mai visité des tempêtes. Ô vous qui étudiiez avec délices dans votre modeste demeure, vous qui honoriez des maîtres morts, vous voici au milieu des hommes : la médiocrité, l’envie, s’attacheront à vos pas ; vos plus généreuses pensées seront mal comprises, et vos fautes légères, pesées dans d’inégales balances ; vous perdrez la dignité de l’obscurité dont vous n’aviez pas connu le prix ; monde imbécille vous reprochera l’originalité et la franchise ; les qualités de la puissance seront des crimes. Votre sensibilité, destiné à la tendresse, mais détournée de ses voies, se prendra à des misères ; vos yeux verseront des larmes sur des politesses ; et, perdus dans ces vallées ténébreuses, vous vous oublierez vous-mêmes avec la justice et la force.


CHAPITRE XXX.


Notre ame immortelle est renfermée dans un corps mortel : nos yeux voient, nos mains touchent ; nous cherchons des formes, l’esprit pur descend aux images. Là est notre infirmité. L’ame en s’élevant laisse loin des images passagères comme son corps, et revenant sur elle-même s’inspire encore dans l’esprit pur. Ce qui a duré dans le passé était fondé sur la religion, l’enthousiasme, les passions. Ces bases éternelles nous sont léguées par nos pères ; autant l’édifice qu’elles soutiennent encore est ruiné, en décombres, couvert de mousse et de ronces, autant la base est sûre. C’est sur elle que nous vivons ; nous ne pou-