Page:Alletz - Harmonies de l’intelligence humaine, tome 2.djvu/257

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252 C’est ainsi que notre curiosité, vaguement éveillée sur la loi de ce qui nous étonne, interroge silencieusement les mystères de la nature (1). L’abondance de ces eaux retentissantes qui coulent ainsi pendant des jours, des mois, des années, des siècles, fait naître l’idée de l’infini sous les formes du mouvement et du bruit, et l’harmonie de l'éternité sous celle de la succession-sans bornes (2). Ce qu’il y a de sublime dans le spectacle d’une chute d’eau est dû surtout aux images de la puissance. La nature nous accable de sa grandeur ; tout ce que nous voyons et entendons nous ravit et nous subjugue. Attentifs à ce déluge qui roule du haut de la montagne et bondit de rocher en rocher jusqu’au fond du précipice, assourdis par les mugissements de la cataracte, à peine pouvons-nous contempler notre pensée au dedans de nous-mêmes, à peine pouvons-nous établir le silence au fond de notre âme. Nous ne sommes plus maîtres de conduire notre réflexion la majesté de Dieu, devenant sensible

(1) Idée de vérité. (2) Idées de l’infini et de l’éternité.