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DEUXIÈME PÉRIODE

qu’elle appartient à la littérature. « Elle avait fait, nous dit M. Gréard, membre de l’Académie française et vice-recteur de la Sorbonne, son bréviaire de l’Éducation des filles, de Fénelon ; elle fut la première à s’emparer de ce livre, qui devait être d’abord une consultation privée. »

Elle fut une moraliste. Obligée d’amuser un roi inamusable, il paraît qu’elle s’ennuyait fort elle-même, ce qui peut paraître surprenant chez une personne aussi raisonnable et qui avait tant d’occupations sérieuses.

LETTRE À Mme DE LA MAISON-FORT

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Que ne puis-je vous donner toute mon expérience ! Que ne puis-je vous faire voir l’ennui qui dévore les grands et la peine qu’ils ont à remplir leurs journées ! Ne voyez-vous pas que je meurs de tristesse dans une fortune qu’on aurait eu peine à imaginer, et qu’il n’y a que le secours de Dieu qui m’empêche d’y succomber ? J’ai été jeune et jolie ; j’ai goûté des plaisirs ; j’ai été aimée partout dans un âge un peu plus avancé ; j’ai passé des années dans le commerce de l’esprit ; je suis venue à la faveur, et je vous proteste, ma chère fille, que tous les états laissent un vide affreux, une inquiétude, une lassitude, une envie de connaître autre chose, parce qu’en tout cela rien ne satisfait entièrement. On n’est en repos que lorsqu’on s’est donné à Dieu, mais avec cette volonté déterminée dont je vous parle quelquefois ; alors on sent qu’il n’y a rien à chercher et qu’on est arrivé