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ANTHOLOGIE FÉMININE

montre utilement à tous : dans la jeunesse pour nous instruire, dans la vieillesse pour nous consoler.

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On peut beaucoup déplaire avec beaucoup d’esprit, lorsqu’on ne s’applique qu’à chercher les défauts d’autrui et à les exposer au grand jour. Pour ces sortes de gens, qui n’ont d’esprit qu’aux dépens des autres, ils doivent penser qu’il n’y a point de vie assez pure pour avoir droit de censurer celle d’autrui.

Il faut, s’il est possible, mon fils, être content de son état. Rien de plus rare et de plus estimable que de trouver des personnes qui en soient satisfaites ; c’est notre faute. Il n’y a point de condition si mauvaise qui n’ait un bon côté : chaque état a son point de vue, il faut savoir s’y mettre ; ce n’est pas la faute des situations, c’est la nôtre. Nous avons bien plus à nous plaindre de notre humeur que de la fortune. Nous imputons aux événemens les défauts qui ne viennent que de notre chagrin. Le mal est en nous, ne le cherchons pas ailleurs. En adoucissant notre humeur, souvent nous changeons notre fortune. Il nous est bien plus aisé de nous ajuster aux choses que d’ajuster les choses à nous. Souvent l’application à chercher le remède irrite le mal ; et l’imagination, d’intelligence avec la douleur, l’accroît et la fortifie. L’attention aux malheurs les rapproche en les tenant présents à l’âme. Une résistance inutile retarde l’habitude qu’elle contracteroit avec son état. Il faut céder aux malheurs. Renvoyez-les à la patience, c’est à elle seule à les adoucir.