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DEUXIÈME PÉRIODE

guy mourut et Anne vint demander à la capitale le moyen de compléter encore ses études.

À l’âge de dix-sept ans, en 1668, elle avait déjà traduit, commenté et publié, les Comédies de Térence, cinq ouvrages en latin et les Poésies d’Anacréon et de Sapho, traduites du grec en français, avec remarques. L’édition de 1680 est signée : Anne Lefebvre. Cette traduction est tellement belle que Boileau a dit qu’elle devrait faire tomber la plume des mains de tous ceux qui entreprendraient de traduire ces poésies en vers.

À Paris, elle retrouva André Dacier et l’épousa, continuant avec lui l’existence studieuse de leur adolescence, sans se laisser éblouir par l’accueil que la cour et la ville faisaient à la jeune savante. Son mari fut élu membre de l’Académie française en 1695 et secrétaire perpétuel en 1718.

Chargée par le duc de Montausier de concourir à la collection des Anciens qu’il faisait faire pour le Dauphin, elle traduisit, commenta et fit imprimer successivement, avant qu’aucun de ses collaborateurs eût encore rien produit, Florus, Aurelius Victor, Eutrope et Dictys de Crète, ce qui lui valut de Bayle ce public hommage :

« Ainsi voilà notre siècle hautement vaincu par cette illustre savante, puisque, dans le temps que plusieurs hommes n’ont pas produit un seul auteur, Mme Dacier en a déjà produit quatre. »

Les plus difficiles lui rendaient justice, et Saint-