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ANTHOLOGIE FÉMININE

Surl…, femme d’un officier suisse de mes amies et fort attachée à elle, de chercher quelqu’un dans le corps helvétique commandé par M. le duc du Maine qui voulût prendre une femme sans naissance, ni bien, ni beauté, ni jeunesse. À peine les treize cantons pouvaient suffire à cette découverte. Aussi la dame y employa-t-elle un long temps, et je ne pensais plus à sa mission, lorsqu’un jour, étant venue à Sceaux, elle me dit : « Je crois avoir trouvé par hasard l’homme que nous cherchions. Ne songeant qu’à me promener, j’ai accompagné M. de Surl… chez un officier de sa nation qui demeure dans le voisinage d’une campagne où j’étais. Là, j’ai trouvé une petite maison neuve et propre, entourée de troupeaux de vaches et de moutons. Le maître du logis (M. de Staal), qui n’est pas jeune, m’a plu par une physionomie avantageuse. C’est un homme de condition, veuf, qui vit dans cette retraite avec deux de ses filles. Elles paraissent douces et raisonnables et tout occupées des soins de leur ménage. Il est peu avancé, quoiqu’il serve depuis longtemps et qu’il ait bien fait son devoir, parce qu’il s’est tenu à l’écart ; mais, ajouta-t-elle, j’ai pensé qu’une protection qui le ferait valoir, sans qu’il s’en donnât la peine, lui serait fort agréable. » ......


Mme DE GRAFFIGNY
(Françoise d’Issembourg d’Happoncourt)

(1695-1758)


Mariée à un chambellan de la cour de Lorraine