Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
ANTHOLOGIE FÉMININE

qu’il apprit que la tête de sa chère femme était tombée sur l’échafaud, il alla au pied d’un chêne dans les bois, et se perça la poitrine de sa canne armée.

Elle fut comprise dans les poursuites dirigées contre les Girondins par les Jacobins vainqueurs, et condamnée avec ses amis à mourir sur l’échafaud. Michelet nous la montre par ce fatal soir de novembre 1793, toujours belle sur le tombereau qui la mène à la guillotine. En passant place de la Révolution, au pied de la statue géante de la Liberté, elle s’écria en regardant la déesse : « Que de crimes commis en ton nom ! », et son regard embrassa pour la dernière fois une mer de têtes humaines. Jules Claretie assure que, si on lui eût accordé le crayon demandé pour écrire ses dernières impressions, elle eût mis : « Liberté, je meurs néanmoins fidèle à ton culte ! »

Pour connaître Mme Roland, pour avoir une idée de son style énergique en même temps que de ses idées sérieuses, nous n’avons qu’à la laisser parler dans ses Mémoires.


MÉMOIRES

. . . . . . . . . . . . . . . .

Fille d’artiste, femme d’un savant devenu ministre et demeuré homme de bien, aujourd’hui prisonnière destinée peut-être à une mort violente et inopinée, j’ai