Page:Alquie - Anthologie feminine.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
TROISIÈME PÉRIODE

dévoraient. Ses ombres demandent sans cesse des nouvelles de l’existence, comme le poète lui-même s’informe de sa patrie, et l’enfer s’offre à lui sous les couleurs de l’exil.

Tout, à ses yeux, se revêt du costume de Florence. Les morts qu’il évoque semblent renaître aussi Toscans que lui ; ce ne sont point les bornes de son esprit, c’est la force de son âme qui fait entrer l’univers dans le cercle de sa pensée.

Un enchaînement mystique de cercles et de sphères le conduit de l’enfer au purgatoire, au paradis ; historien fidèle de sa vision, il inonde de clarté les régions les plus obscures, et le monde qu’il crée dans son triple poème est complet, animé, brillant comme une planète nouvelle aperçue dans le firmament.

À sa voix, tout sur la terre se change en poésie : les objets, les idées, les lois, les phénomènes semblent un nouvel Olympe, de nouvelles divinités ; mais cette mythologie de l’imagination s’anéantit comme le paganisme à l’aspect du paradis, de cet océan de lumière étincelant de rayons d’étoiles, de vertus et d’amour.

Les magiques paroles de notre plus grand poète sont le prisme de l’univers ; toutes ses merveilles s’y réfléchissent, s’y divisent, s’y recomposent ! les sons imitent les couleurs, les couleurs se fondent en harmonie ; la rime, sonore ou bizarre, rapide ou prolongée, est inspirée par cette divination poétique, beauté suprême de l’art, triomphe du génie, qui découvre dans la nature tous les secrets en relation avec le cœur de l’homme.