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TROISIÈME PÉRIODE

Paris, en 1796-97, avait une physionomie singulière ; les maisons particulières craignaient de montrer du luxe en recevant habituellement, et l’on se bornait à aller beaucoup dans les réunions d’abonnés, où se trouvait alors la meilleure compagnie. Il en était ainsi non seulement pour des concerts, mais pour des bals. On n’imagine guère aujourd’hui que les femmes les plus élégantes allaient danser au bal de Thélusson, au bal de Richelieu ; toutes les castes s’y trouvaient réunies et confondues, et s’entendaient fort bien ensemble pour rire et chanter.

Un jour, au bal de Thélusson :

« Eh ! mon Dieu ! quelle est cette belle personne ? » dit Mme de Da…s au vieux marquis d’Hautefort, qui lui donnait le bras, en indiquant une femme qui entrait et vers laquelle non seulement les regards, mais la foule se portait.

Cette femme était d’une taille au-dessus de la moyenne ; mais une harmonie parfaite dans toute sa personne empêchait de s’apercevoir de l’inconvénient de sa trop haute stature. C’était la Vénus du Capitole, plus belle encore que l’œuvre de Phidias ; on y retrouvait la même pureté de traits, la même perfection dans les bras, les mains, les pieds, et tout cela animé par une expression bienveillante. Sa parure ne contribuait pas à ajouter à sa beauté, car elle avait une simple robe de mousseline des Indes, drapée à l’antique et rattachée sur les épaules avec deux camées ; une ceinture d’or serrait sa taille et était également fermée par un camée ; un large bracelet d’or arrê-