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PREMIÈRE PÉRIODE

L’un des derniers chapitres est ainsi intitulé : Comment il appartient que les dames damoiselles à demeuret sur les manoirs se gousvernent au fait de mesnage.

Ses poésies, moins difficiles à entendre que la prose, sont empreintes d’une sensibilité et d’une mélancolie qui vont au cœur. Elles ne sont pas dénuées de philosophie. Quelques-unes chantent l’amour chevaleresque, parce qu’elles se vendaient mieux que les tristes[1], et, pour subvenir aux besoins des siens, elle faisait taire sa douleur et s’efforçait d’être gaie, ainsi qu’elle le répète souvent dans ses vers.

RONDEAU XI


De triste cuer, chanter joyeusement,
Et rire en dueil, c’est chose fort à faire ;
De son penser monstrer tout le contraire,
N’yssir doulz ris de doulent sentement.

Ainsi me fault faire communement
Et me convient, pour celer mon affaire,
De triste cuer chanter joyeusement.

Car en mon cuer porte couvertement
Le dueil qui soit qui plus me puet desplaire.
Et si me fault, pour les gens faire taire,

  1. Jean de Berry payait 200 écus, en 1413, l’épître sur le Roman de la Rose.