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ANTHOLOGIE FÉMININE

Ne en leurs dis, il n’a nul mot de voir
Grans vanteurs, sonts n’il n’est si grant maistrece
Qu’ilz n’osent bien dire que leur vouloir
En ont tout fait, hé Dieux ! quel gentillece.

Comme il siet mal à noble homme à mentir
Et mesdire de femme et vrayement !
Telle gent sont drois villains purement,
Et devroit-on leur renom amortir
Se pris et los estoit à departir.


JEUX À VENDRE[1]



 Je vous vens la rose de may ?
 Oncques en ma vie n’aimay
 Autant dame ne damoiselle
 Que je fais vous, gente femelle,
 Si me retenez a amy,
 Car tout avez le cœur de mi.

 Je vous vens l’oiselet en gage ?
 Si vous estes faulx, c’est dommage,
 Car vous estes et bel et doulx,
 Si n’ayez telle tache en vous,
 Et digne serez d’être aimé
 Bel et bon et bien renommé.


  1. Ces jeux, que l’on trouve au nombre de cent soixante dans les
    œuvres de Christine de Pisan, lui étaient demandés. Comme
    aujourd’hui, on faisait en société des jeux d’esprit, on posait des questions. Ceux-ci ont évidemment donné naissance à celui bien connu des enfants : Je vous vends mon corbillon.