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TROISIÈME PÉRIODE


MA GRAND’MÈRE DE L’AN IV
À Madame la comtesse Zoé de Saint-Mars.


Ma grand’mère, en l’an quatre, avait la taille fine.
Ma grand’mère, en l’an quatre, avait le pied bien fait.
En la voyant passer on eût dit la Dauphine,
Tant sa marche était douce et son maintien parfait.

Ma grand’mère, en l’an quatre, avait un bonnet rose,
Un tout petit bonnet sur ses beaux cheveux blonds.
Elle était fort jolie, et sa lèvre mi-close
Changeait en doux rêveurs les joyeux garçons.

Les vieillards auprès d’elle avaient l’âme ravie,
Se souvenant alors de leur printemps joyeux ;
Et moi, je donnerais bien des jours de ma vie
Pour avoir pu, rêveur, embrasser ses grands yeux.


S.-B. DE COURPON


Mme Armand de Bovet, née Sophie de Courpon, écrit sous le pseudonyme de Mardoche, et sous son nom de jeune fille, des chroniques très enlevées, des romans, dont un, les Écumeurs de Salon, a paru dans le Pays, des critiques musicales. Plusieurs volumes de vers, entre autres une riposte bien sentie aux Blasphèmes de Richepin sont édités. Poète d’instinct, elle rimait tout enfant.