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PREMIÈRE PÉRIODE

cendrée, mais elle avait des reflets argentins qui prêtaient à ses ondulations un soyeux d’une inexprimable mollesse. C’est ce ton particulier dans les beaux cheveux blonds qu’un artiste italien désignait par le mot morbidezza. Elle s’en couvrait tout entière quand elle les dénouait. Dans ses traits, dans sa taille légère, dans son port de reine ou de déesse, rien ne rompait le charme exquis de la perfection.

Elle reçut aussi un autre surnom aussi mérité : la Vénus chrétienne ; à quinze ans ses parents la marièrent contre son gré à Bénaquet, que, malgré les tristesses de son âme, elle rendit parfaitement heureux pendant dix ans. Quand il mourut, la laissant veuve à vingt-cinq ans, elle put choisir alors l’élu de son cœur, le baron de Fontenille, qui lui était resté fidèle.

Paule ne connut pas l’existence sereine que tout semblait lui présager. La perte de son unique enfant, à un âge où il se montrait déjà sous les traits charmants de sa mère et doué de toutes ses qualités, la plongea dans une tristesse que rien ne devait plus enlever. Pleine de sa douleur et se complaisant dans son amertume, elle se retira du monde d’une manière si absolue qu’elle ne sortait plus de chez elle et se rendait même invisible aux amis de sa maison.

Il ne suffit pas à Paule d’avoir le don de la beauté parfaite, sa beauté se couronnait et s’illu-