« extrême superstition », selon ses propres paroles ; il semble que la piété légendaire qu’elle avait pour son père adoptif soit son principal titre à passer à la postérité. Les biographies donnent peu de détails sur elle, et si l’on interroge Staaf sur son livre intitulé l’Ombre, il vous répond : « Un livre de poésies. » Eh bien ! non, il y a confusion. Désireuse de lire ces poésies en vieux langage, j’ai demandé à la Bibliothèque nationale ce volume de Mlle de Gournay, et ce ne sont nullement des poésies, mais bel et bien de la prose et des conseils moraux, excellents à lire.
Ce volume, édité par Libert, rue Saint-Jean-de-Latran, en MDCXXVI, a pour épigraphe, et comme pour justifier son nom :
L’homme est l’ombre d’un songe
Et son œuvre est son ombre.
Voici quelques titres de chapitres que j’ai relevés.
— Si la vengeance est licite…
— Antipathie des âmes basses et hautes…
— Abrégé d’institution pour le prince souverain, où je copie ces lignes bien dignes d’être méditées :
Tu ne te peux rendre trop souple et soubmis à ceux qui te seront donnez, pour t’apprendre à soubmettre après loy-mesme et les choses à toy ; et ne crois pas y soubmettre jamais les choses à ton poinct qu’en travaillant à te rendre aimabjé et désirable partout où tu te voudras rendre puissant…