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ANTHOLOGIE FÉMININE

LA TUBEREUSE

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Des bords de l’Orient je suis originaire ;
Le soleil proprement peut se dire mon père ;
Le printemps ne m’est rien, je ne le connois pas,
Et ce n’est point à lui que je dois mes appas.
Je l’appelle en raillant le père des fleurettes,
Du fragile muguet, des simples violettes,
Et de cent autres fleurs qui naissent tour à tour.
Mais de qui les beautés durent à peine un jour.
Voyez-moi seulement, je suis la plus parfaite :
J’ai le teint fort uni, la taille haute et droite.
Des roses et du lis j’ai le brillant éclat,
Et du plus beau jasmin le lustre délicat.
Je surpasse en odeur et la jonquille et l’ambre,
Et les plus grands des rois me souffrent dans leur chambre.
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LA BEAUTÉ, L’ESPRIT ET LA VERTU

La fleur que vous avez vu naistre,
Et qui va bientôt disparoistre,
C’est la beauté qu’on vante tant ;
L’une brille quelques journées.
L’autre dure quelques années.
Et diminue à chaque instant.

L’esprit dure un peu davantage,
Mais à la fin il s’affoiblit ;
Et s’il se forme d’âge en âge,
Il brille moins plus il vieillit.